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La bataille de Paris fait déjà rage

A six mois des élections municipales, les candidatures se multiplient pour l’emporter dans la capitale.
La bataille de Paris fait déjà rage
Cédric Villani: son ascension politique lui a donné des ailes, quitte à quitter le nid macroniste. KEYSTONE/ARCHIVES
France

C’est un feuilleton à faire passer Game of Thrones pour une aimable bluette. L’élection municipale à Paris n’est qu’en mars prochain, mais déjà, coups bas, rebondissements et alliances de circonstance se multiplient, afin de décrocher la couronne de la capitale, détenue depuis 2014 par Anne Hidalgo, issue du Parti socialiste.

Dernier événement en date: l’appel lancé le week-end dernier par 131 personnalités à Cédric Villani, député LREM (parti du président Macron) de l’Essonne, pour qu’il se présente à la mairie l’an prochain. Parmi les signataires, des noms aussi prestigieux que ceux du politologue Gilles Kepel, de l’économiste Philippe Aghion, ou encore d’Ingrid Betancourt.

Désillusion douloureuse

Villani, médaille Fields de mathématiques, avait participé au processus de désignation organisé par la majorité au printemps pour choisir son champion. Mais c’est finalement Benjamin Griveaux, ancien porte-parole du gouvernement, qui l’avait emporté début juillet.

Depuis, Villani rumine sa désillusion, dénonçant le caractère «vicié» de la procédure de désignation mise en place par la commission d’investiture de LREM. En creux, chacun a bien compris que Griveaux, fidèle parmi les fidèles, était en fait le candidat choisi par Emmanuel Macron lui-même. Tout l’été, le mathématicien a réfléchi et consulté pour savoir s’il n’allait pas finalement maintenir sa candidature. Quitte à acter une rupture avec Macron et LREM. Il doit annoncer sa décision ce mercredi, mais – sauf retournement de dernière minute – chacun a désormais acté que Villani serait bien partie prenante de cette élection.

Les prétendants devraient en réalité être particulièrement nombreux

Les prétendants devraient en réalité être particulièrement nombreux. A commencer bien sûr par Anne Hidalgo (Parti socialiste). L’édile a un bilan pour le moins mitigé: de nombreux Parisiens sont particulièrement critiques concernant sa gestion, en matière de propreté et de transport notamment. Mais la «Reine-Mère» est une redoutable compétitrice, qui pourrait profiter de la division au sein de LREM pour décrocher un second mandat.

L’ancienne adjointe de Bertrand Delanoë est elle aussi en campagne: elle a profité de l’été pour recomposer son cabinet, afin de le transformer en commando voué corps et âme à assurer sa réélection. «Sa principale difficulté pourrait être de rassembler à gauche, comme elle était parvenue à le faire en 2014», analyse un élu socialiste.

A gauche d’Hidalgo

Les candidats s’annoncent en effet particulièrement nombreux sur la gauche d’Hidalgo. A commencer par Europe-Ecologie-Les Verts (EELV) qui seront représentés par David Belliard. Les écologistes, qui ont réalisé un score canon dans la capitale aux européennes (près de 20%), auront de grandes ambitions pour ces municipales. S’ils devaient rééditer ce score au premier tour des municipales, Hidalgo pourrait avoir le plus grand mal à obtenir leur ralliement.

Et ce n’est pas tout: toujours à gauche, un trublion va tenter de créer la surprise. Il s’agit de Gaspard Gantzer, ancien conseiller en communication de François Hollande à l’Elysée. Etiqueté candidature «gadget» ou «bobo» par certains, Gantzer n’en a pas moins le don de faire parler de lui. Par exemple, par le biais de propositions iconoclastes, comme celle de «supprimer le périphérique parisien».

Tensions écologistes

Fin août, il a réussi un nouveau coup d’éclat, en annonçant un «ticket» avec la journaliste Isabelle Saporta, spécialiste des questions d’environnement. Comme si tout cela n’était pas encore assez compliqué, Saporta est aussi… la compagne de Yannick Jadot, le patron des Verts. De quoi alimenter les tensions au sein du parti écologiste, abonné aux querelles de chapelle.

Reste la droite: la situation n’est pas plus simple, avec un dissident des Républicains (LR) qui s’est rapproché d’Emmanuel Macron, Pierre-Yves Bournazel d’un côté, et de l’autre celui ou celle qui représentera officiellement LR – ce devrait être Rachida Dati. Les soutiens des maires d’arrondissement LR pourraient se diviser entre le premier et la seconde. Certains pourraient même finalement soutenir le candidat macroniste, Benjamin Griveaux. Autant dire que cette campagne dans la capitale s’annonce pour le moins agitée. LA LIBERTÉ

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