Musique

La culture en «afropositif»

La 4e édition du Lausanne Afro Fusion Festival démarre jeudi. Une belle initiative autour de l’échange interculturel avec concerts, DJ, nourriture et artisanat.
La culture en «afropositif»
Avec notamment Meta and the Cornerstones, le reggae est roi cette année. DR
Lausanne 

Les scènes du Festival de la Cité à peine démontées, c’est place de l’Europe et place Centrale qu’émergent de nouveaux podiums. En ce début de semaine, le Lausanne Afro Fusion Festival (LAFF) est dans les starting-blocks.

Lancée il y a trois ans, cette manifestation entièrement gratuite est gérée par l’association Cipina, Centre d’information et de promotion de l’image d’une nouvelle Afrique, qui a pour mission de «déconstruire les clichés et préjugés dont le continent est victime». Pour Tidiane Diouwara, fondateur et président de l’organe, il s’agit aussi «de rapprocher les cultures. Si beaucoup de Suisses pensent que les Africains sont des dealers ou des gens qui ne travaillent pas, bon nombre d’Africains sont persuadés que les Suisses sont tous riches, voire milliardaires et racistes. Ce sont ces clichés qui compliquent le vivre ensemble.»

Favoriser l’intégration

Tidiane Diouwara est Mauritanien. Un connecteur et un passeur qu’aucune question ne semble surprendre. On le rencontre sur une terrasse du Flon. En quelques années, il est parvenu à rassembler 9000 membres au sein de son association, dont près de 8000 basés en Afrique. «J’ai été journaliste, je suis toujours en contact avec des collègues du continent africain. On doit mener le même travail de sensibilisation en Afrique qu’ici si l’on veut que les mentalités évoluent.» Tidiane Diouwara a le bras long. Consultant et conseiller diplomatique, il connaît bien les ambassadeurs africains de Suisse, ainsi que l’ancien président du Sénégal et secrétaire général de la Francophonie, Abdou Diouf, un prestigieux parrain de Cipina.

«Ce sont les clichés qui ­compliquent le vivre ensemble» Tidiane Diouwara

Outre le festival, l’association organise chaque année un tournoi de foot, une fête qui met en avant un pays touché par la précarité lors de la Journée des réfugiés et une conférence autour de la paix en Afrique. Cette année, l’immigration est au cœur de la réflexion. «Nous cherchons à favoriser l’intégration des Africains en Suisse tout en incitant les Africains du continent à demeurer dans leurs pays. Nos antennes africaines sont là pour faire le relais, pour véhiculer notre message. Il faut créer les conditions pour qu’ils puissent rester, participer au développement de leur pays. Il faut aussi démythifier l’Europe et l’Occident.»

Musique engagée

L’un des buts du LAFF est d’être une plate-forme pour les artistes africains de Suisse. Dès jeudi, il sera ainsi possible de danser aux sons du mbalax de Sol Family (Suisse-Sénégal), du makossa de Valérie Ekoumé (Suisse-Cameroun), du hip hop de Comme1Flocon ou du reggae de Elektrees.

A découvrir à côté de ces artistes d’ici, les sonorités jazzy de Socca Moruakgomo, trompettiste du Botswana, et quelques têtes d’affiche internationales telles le groupe sénégalo-­étasunien Meta and the Cornerstones ou l’ensemble panafricain Africa United, basé au Maroc. Un programme qui fait la part belle au reggae: «Le public romand est amateur de reggae, souligne Tidiane Diouwara. Cette musique engagée, qui véhicule un message de paix et de tolérance, a des racines africaines. Le LAFF est conçu dans un esprit de fête, de convivialité et de partage.»

Stands de nourriture et d’artisanat seront ainsi disséminés autour des arcades du Grand-Pont, tout à côté de la scène des concerts du festival – place Centrale – et du «sound system» de la place de l’Europe. Ce dernier, une innovation, sera animé par le DJ tunisien Fouzi et tout musicien désireux de se lâcher sur des musiques latinos.

Enfin, précisons que comme l’an dernier, la manifestation est dédiée à Mandela. Un clin d’œil à cette figure tutélaire car le festival démarre le 18 juillet, lors de la Journée internationale qui lui est consacrée. «Mandela, c’est l’icône absolue. Il en faudrait beaucoup des comme lui pour que les choses se mettent à changer. Nous demandons aux musiciens d’interpréter des chansons qui véhiculent certains de ses messages, comme par exemple celui d’une Afrique unie», conclut Tidiane Diouwara.

A Lausanne (place de l’Europe et place Centrale) du 18 au 21 juillet, je et ve dès 18h, sa et di dès 16h, www.lausaff.org

Culture Musique Élisabeth Stoudmann Lausanne 

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