Genève

Vivre à l’hôtel

vivre à l’hôtel
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Hospice général

Ils sont logés à l’hôtel, mais ce n’est pas des vacances. En 2018, 586 ménages – dont 88 familles – dépendant de l’Hospice général ont été hébergés à l’hôtel. Une solution censée être temporaire pour remettre le pied à l’étrier et trouver un logement pérenne. Une solution, surtout, que même l’Hospice juge inadaptée. De fait, elle l’est en particulier pour les familles. Comment offrir un cadre sécurisant et fait d’un minimum de perspectives à des enfants logés sous un toit temporaire et dans un confort minimal, pour ne pas dire spartiate?

Or, ce qui devrait rester l’exception relève d’un phénomène conséquent. Et inquiétant puisque le nombre de ménages logés à l’hôtel ne cesse de croître, suivant la hausse des dossiers traités par l’Hospice général. Autre aspect de la problématique: le temporaire s’éternise. Près des deux tiers des ménages logés à l’hôtel y séjournent plus d’un an. Jusqu’à plus de cinq ans pour certains!

La raison avancée par l’Hospice pour recourir à cette solution et pour expliquer ces séjours si longs est le profil de cette population précarisée. Outre la difficulté à gérer un bail, encore faudrait-il qu’une régie le leur accorde, elles qui excluent en général les ménages endettés et aux revenus non stables.

Mais là où les justifications heurtent le bon sens, c’est quand on sait que l’institution sociale possède l’un des plus importants parcs locatifs du canton. Alors qu’il possède de nombreux appartements, l’Hospice a dépensé en 2018 19 millions de francs pour loger des ménages dans des hôtels très bas de gamme – une facture annuelle qui n’a cessé de croître ces dernières années. Les chiffres donnent mal à la tête: ainsi de ce studio payé 5000 francs par mois, 60 000 par an, où un pensionnaire rabattait deux lits encastrés pour accueillir ses enfants quand il en avait la garde. Le tout dans un hôtel faisant business de ce créneau en consacrant l’entier de ses logements à cette population. Une sorte de ghetto fort lucratif, entièrement financé par l’Etat.

Selon l’Hospice, recourir à son propre parc immobilier pour loger ces bénéficiaires de l’aide sociale le priverait de précieux revenus servant à financer ses missions. Mais ce qu’il gagne d’un côté en louant un appartement semble plus que gaspillé en réservant une chambre d’hôtel dont la fonction première a été détournée sans que le prix ne suive vraiment à la baisse.

L’Hospice a pour ambition de stabiliser le nombre de placements en hôtel. Ce n’est pas suffisant.

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