Économie

La carte suisse des intérêts chinois

Les investisseurs suisses sont invités à aider la Chine dans les républiques d’Asie centrale.
La carte suisse des intérêts chinois
Le président de la Confédération, Ueli Maurer, va signer lundi prochain un accord avec Pékin pour faciliter les investissements privés suisses dans des projets liés aux nouvelles routes de la Soie. KEYSTONE
Chine

La Suisse inscrit toujours plus sa présence sur la carte des intérêts économiques chinois en Asie. Lundi prochain, pendant les deux jours de visite d’Etat qu’il passera à Pékin, le président de la Confédération Ueli Maurer signera un accord de principe (memorandum of understanding) avec la République populaire.

Ce texte facilitera les investissements privés suisses dans des projets d’infrastructure chinois dans les pays dits «des nouvelles routes de la Soie», qui assurent le transit des exportations chinoises vers l’Europe. Elle franchit un pas en direction des autorités chinoises, quitte à froisser les autorités européennes.

«Opportunités»

L’accord, qui sera rendu public lors de sa signature lundi prochain, «offrira de nouvelles opportunités aux banques ou assurances suisses qui voudront investir dans les pays du groupe helvétique au Fonds monétaire international», précise, Peter Minder, porte-parole du Département fédéral des finances (DFF), dirigé par Ueli Maurer. Les pays concernés sont le Kirghizistan, le Tadjikistan, le Turkménistan, l’Ouzbékistan et l’Azerbaïdjan.

Le conseiller fédéral est depuis lundi l’hôte des autorités chinoises et participe, avant la visite d’Etat de dimanche et lundi prochains, au deuxième Belt and Road Forum (Forum de la ceinture et de la route, appellation chinoise pour les nouvelles routes de la Soie), une grande rencontre de responsables politiques et d’affaires organisée à Shanghai, où doivent être évoquées notamment les questions liées au développement, aux infrastructures et au développement durable, ainsi que le précise un communiqué du DFF.

«Symbolique»

Il est difficile de mesurer la portée réelle du texte tant qu’il n’est pas publié, mais il est encore plus difficile d’en estimer l’utilité. Les investisseurs suisses sont déjà libres de choisir leur pays de destination. L’Asie centrale, ses 80 millions d’habitants et ses ressources en matières premières, sont déjà au centre de l’attention, ainsi que l’avait souligné une mission économique helvétique emmenée en juillet dernier par Johann Schneider-Ammann, alors chef du Département fédéral de l’économie. De plus, plusieurs programmes d’aide au développement économique y sont déjà conduits par le SECO et la Division pour la coopération et le développement (DDC). Enfin, l’accord sino-suisse ne concerne que les deux pays signataires, les autres n’étant tout simplement «pas consultés», comme le précise Peter Minder.

«La portée sera avant tout symbolique et amènera de la substance au Belt and Road Forum», relève Gérald Béroud, directeur de Sinoptic à Lausanne et expert de la Chine. Qui relève que les relations bilatérales sont déjà truffées de tels textes de principe qui n’amènent guère d’effets concrets sur le terrain.

Influence

Néanmoins, la Suisse est l’un des premiers pays européens, après la Grèce, le Portugal et l’Italie, à montrer de tels signes de rapprochement. L’Union européenne fait tout, en effet, pour décourager de semblables mouvements de la part de ses membres afin de ne pas offrir trop d’ouvertures à ce qu’elle considère comme autant de moyens d’influence de la Chine.

Difficile, cependant, d’ignorer les vœux d’un pays qui s’est hissé au troisième rang des partenaires commerciaux de la Suisse, derrière l’Allemagne et les Etats-Unis, mais devant l’Italie et la France. Un mouvement favorisé par la conclusion d’accords importants comme l’accord de libre-échange entré en vigueur en 2014, et celui permettant la convertibilité directe du renminbi, la monnaie chinoise, en francs, conclu en 2015. LA LIBERTÉ

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