Montrer des photos de ses enfants sur Internet? Seules les mauvais parents le font. Du moins, c’est ce que relaie le discours médiatique dominant au sujet du «sharenting» – le partage de photos de famille sur les réseaux sociaux, indique Ulla Autenrieth, chercheuse en science des médias à l’Université de Bâle. Elle voulait savoir si les nombreux parents qui postent des images de leur progéniture sur Facebook agissent vraiment de façon irréfléchie. Ses travaux l’ont convaincue du contraire.
Ulla Autenrieth a interrogé 52 parents de jeunes enfants et analysé des photos partagées sur FB. Les résultats indiquent que les parents sont conscients des risques: une image pourrait tomber dans les mains d’un pédophile, être utilisée à des fins publicitaires, faire tache dans l’empreinte numérique de leur progéniture. C’est pourquoi de nombreux parents rendent leurs enfants méconnaissables en les photographiant de dos ou de très loin. Ulla Autenrieth nomme cette pratique «anti-sharenting»: «Il s’agit d’un développement intéressant dans l’histoire de la photo. A l’ère du numérique, il s’agit non pas de tout montrer, mais de camoufler. C’est un changement de paradigme.»