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La si prévisible UDC

La si prévisible UD
Pour les élections fédérales l'UDC fera campagne en promettant de torpiller l'accord-cadre que la Suisse doit conclue avec l'UE. KEYSTONE
Suisse-Europe 

L’Union démocratique du centre (UDC) a développé mercredi un de ses thèmes fétiches pour sa campagne électorale des Nationales 2019. Le parti blochérien a annoncé sa volonté de torpiller l’accord-cadre que la Suisse doit conclure avec l’Union européenne. Une manière d’asseoir son image souverainiste, de se distinguer des alliés du PLR qui ont, eux, choisi de défendre ce traité garant d’accès au marché européen, et de rallier une partie d’un électorat populaire fragilisé par le processus de mondialisation capitaliste.

Cette manœuvre doit être comprise pour ce qu’elle est: une nouvelle entourloupe de la formation d’extrême droite. Le problème n’est pas la libre circulation, comme le laisse lourdement entendre l’UDC, mais le manque de protection des travailleurs. Or, c’est bien ce dispositif de garantie qui avait été mis en place lors des accords bilatéraux qui est menacé. Depuis des mois, les syndicats tirent la sonnette d’alarme et attirent l’attention sur le fait que les conventions collectives de travail sont menacées et que l’accord-cadre est la porte ouverte au dumping salarial.

Et là, lorsqu’il s’agit de défendre les droits des travailleurs, le bloc populiste est aux abonnés absents. Pire, mercredi, il a versé quelques larmes de crocodiles sur les services publics menacés par le processus d’ouverture des marchés exigé par Bruxelles et qui menace les producteurs d’énergie hydraulique, les hôpitaux, voire les banques cantonales dont certaines bénéficient encore d’une garantie d’Etat. Etrangement, lors des privatisations des ex-régies publiques –PTT, CFF– ou de libéralisation du marché de l’énergie, ces bonnes âmes frétillaient pour voter ces discutables lois.

Un aspect positif dans cette scission du bloc bourgeois: cela enlève un poids des épaules des syndicats qui ont d’ores et déjà brandi la menace du référendum en cas de bradage du dispositif de protection de l’emploi. Les pressions exercées sur Paul Rechsteiner, président sortant de l’Union syndicale suisse, ont pulvérisé les normes de la décence jusqu’au sein de son parti. Mercredi, une représentante de l’aile droite du Parti socialiste (PS) – Chantal Galladé – a organisé son transfert chez les Vert’libéraux. Au lieu de fustiger un tel opportunisme, des collègues de parti ont déploré l’attitude insuffisamment souple du PS qui devrait, selon eux, clairement s’engager pour l’accord-cadre.

Abdiquer avant même d’avoir livré une bataille qui peut être gagnée et laisser le champ libre à l’extrême droite… On a connu plus lucide comme stratégie.

Opinions Philippe Bach Suisse-Europe 

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