Une société au bout du rouleau
Le burn-out n’est pas une maladie professionnelle. Du moins pas aux yeux de la commission de la sécurité sociale du Conseil national. Elle a décidé vendredi par 17 voix contre 7 de balayer l’initiative parlementaire portée par le socialiste Mathias Reynard (VS). Pour la majorité de cette commission, «il n’est souvent pas possible de relier avec certitude ces symptômes à l’activité professionnelle». Elle considère aussi que «les programmes de prévention déjà mis en place par l’économie privée sont plus importants que le transfert de la responsabilité à une autre assurance». L’assurance-maladie ne prendra donc en charge le burn-out que sous l’angle de la dépression.
Une aberration à l’heure où cette maladie gagne du terrain. Selon le Job Stress index 2018, une étude de Promotion Santé Suisse, environ une personne active sur quatre souffre de stress. Cela signifie qu’elle a «davantage de contraintes que de ressources sur son lieu de travail». La part des employés qui se sentent épuisées sur le plan émotionnel, elle, tend vers les 30 %, souligne l’étude. Les conséquences sont multiples: absentéisme, baisse de motivation, sentiment de dévalorisation, etc.
Aucun corps de métier ni aucune entreprise ne sont épargnés. Au-delà des cas individuels, le burn-out est le symptôme d’une société en souffrance. Un monde ultra compétitif, trop occupé à mesurer les performances pour se rendre compte qu’il est en surchauffe. Un aveuglement qui semble toucher également la classe politique suisse.
Vendredi, la commission de l’économie et des redevances du Conseil des Etats a annoncé vouloir maintenir le cap en permettant plus de «flexibilité» dans l’organisation du temps de travail de certains types d’emplois. Des mesures qui pourraient toucher près de 40 % de travailleurs, selon les syndicats. Au lieu de trouver des remèdes à la fièvre, nos politiciens contribuent à l’aggraver. I