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Qu’est-ce qu’une ville de gauche?

Les agglomérations suisses représentent un lieu de résistance potentielle majeur contre les politiques d’austérité fédérales. L’idée d’une «coordination des villes de gauche» est au centre d’un prochain débat organisé par la revue Pages de gauche.
Débat

On oublie souvent qu’il n’y a que dans les villes que des majorités de gauche durables ont existé en Suisse. La politique communale semble pourtant occuper un angle mort dans la stratégie politique de la gauche helvétique. Alors même qu’elle contrôle désormais la plupart des grandes villes, et un nombre appréciable de petites agglomérations, aucune coordination systématique n’a été mise en place entre elles, comme si ce premier échelon du fédéralisme était voué à rester atomisé.

C’est une erreur, car le niveau communal est essentiel. Si l’on songe aux villes d’une certaine taille, c’est là que se décide une partie de la politique sociale, en particulier celle qui concerne les plus défavorisés au travers de l’aide sociale. C’est là aussi que se met en place tant bien que mal une politique familiale digne du XXIe siècle, avec la mise en place d’un réseau de crèches publiques. Contre les politiques d’austérité successives décidées par la Confédération et les cantons, les villes sont bien souvent le dernier bastion permettant d’assurer une politique sociale décente.

C’est là aussi qu’ont lieu des discussions décisives sur la politique énergétique (l’électricité) ou sur celle de l’eau, comme le récent vote de Zurich l’a encore montré. Sur ces dossiers, l’enjeu majeur est celui de la privatisation, contre laquelle les villes représentent un lieu de résistance potentiel de la première importance.

Au-delà des enjeux de politique publique, il faut aussi s’intéresser aux moyens permettant de les mettre en œuvre. Les communes ne maîtrisent que partiellement leur politique fiscale, comme la troisième réforme de l’imposition des entreprises est en train de le montrer. Ses effets se font déjà sentir dans plusieurs cantons (Vaud, Neuchâtel, Lucerne), et ce sont les communes qui sont les plus durement touchées.

Il est aujourd’hui essentiel de défendre les marges de manœuvre des villes et la possibilité de mettre en œuvre quelque chose comme un «socialisme municipal», au sens large du terme, attaché aux services publics et à la réduction des inégalités, attentif à l’écologie, soucieux d’offrir des installations culturelles et sportives de qualité à toute la population, etc.

Face aux attaques de la droite, il faudrait créer une coordination entre les villes de gauche suisses, pas seulement pour faire entendre leur voix dans les parlements cantonaux ou fédéral, mais aussi pour échanger sur ce qui marche, s’inspirer des politiques publiques des unes et des autres, et mettre en place des stratégies de résistance aussi efficaces que possible.

Dans le prolongement d’un dossier consacré à cette question dans son dernier numéro, le trimestriel Pages de gauche propose un grand débat sur ces enjeux le 22 février à Renens, dans le lieu emblématique de la Ferme des Tilleuls. Il réunira Carole-Anne Kast, conseillère administrative socialiste de la commune d’Onex, Tinetta Maystre, municipale verte de Renens, Eric Moser, chargé de la politique des addictions en ville de Bienne, et Cédric Dupraz, conseiller communal (exécutif) du Locle.

*Périodique indépendant d’opinions socialistes, pagesdegauche.ch

«Qu’est-ce qu’une ville de gauche?», débat, ve. 22 février à 19 h, Ferme des Tilleuls, rue de Lausanne 52, Renens (à cinq minutes de la gare). Boissons et restauration sur place. Infos: pagesdegauche.ch et fermedestilleuls.ch

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