Mitage: rien n’est réglé
Peut mieux faire. L’initiative des Jeunes Verts dite «stop mitage» a fait un four: 64% du Souverain l’a rejetée. Aucun canton ne l’a acceptée. Dans des villes au vote volontiers progressiste comme Genève, seuls les arrondissements rouges ont glissé un «oui» dans l’urne, les communes périurbaines basculant dans le camp du «non».
Il n’y a pas eu d’effet climat. Les milliers de jeunes dans la rue ces dernières semaines n’ont pas pesé, ou pas assez, dans un domaine où une victoire paraissait envisageable, le peuple ayant soutenu la Lex Weber (limitant à 20% les résidences secondaires) en 2012 ou, une année plus tard, la Loi fédérale sur l’aménagement du territoire (LAT). Mais il est sans doute plus facile pour les votants de sanctionner les pratiques mafieuses de certains cantons alpins, qui attirent les oligarques russes et autres traders de la City à coups de passe-droits en matière de permis de construire, que de s’appliquer un minimum de discipline.
L’argument de la peur a une nouvelle fois été utilisé à fond. Le lobby immobilier a sorti son grigri favori et annoncé des hausses de loyers. Comme si l’on avait attendu ce texte pour pousser les pauvres, voire la classe moyenne, hors des villes. Les mêmes qui ont versé durant la campagne des larmes de crocodile sur les revenus modestes, prétendument premières victimes d’un texte concocté par des bobos, sont les mêmes qui ont toujours tout fait pour bloquer les législations anti-spéculation, comme la LDTR (Loi sur les démolitions, transformations et rénovations des maisons d’habitation) qui ont permis de préserver un semblant de mixité sociale au bout du lac guetté par la monoculture du bureau.
La LAT suffit, ont scandé les stipendiés du lobby immobilier. Il faudra le leur rappeler à la première occasion, lors du débat qui s’annonce sur la seconde étape de cette législation. La pression foncière est telle en Suisse, et particulièrement dans les grands centres urbains, que la moindre faille est immédiatement utilisée par des promoteurs dopés par l’appât du gain.
Or un certain ras-le-bol point. Les surélévations étouffantes, les surdensifications dans des friches vendues comme des écoquartiers, une architecture contestée par ceux qui devront y habiter, voire certains déboisements, passent de moins en moins.
Cette petite musique est tenace. Ne pas l’entendre serait une erreur. Sur le plan politique, d’abord, en termes de durabilité, surtout.