Une initiative incisive
Dimanche, les Genevois se prononcent sur l’initiative du Parti du travail visant à instaurer une assurance pour les soins dentaires. L’occasion de corriger une erreur historique, à savoir l’absence des dents dans le catalogue des prestations prises en charge par la Lamal. Raison pour laquelle de nombreux Suisses sont obligés de soigner leurs dents à l’étranger, voire d’y renoncer, faute de pouvoir payer les factures salées des dentistes, en plus de leur assurance-maladie. N’en déplaise à certains, la bouche fait bel et bien partie du corps humain. Et l’absence de soins bucco-dentaires peut entraîner de nombreuses complications, notamment infectieuses et cardio-vasculaires qui, elles, seront prises en charge par l’assurance-maladie de base. Vous avez dit paradoxe?
Le financement prévu repose sur un modèle qui a fait ses preuves, celui de l’assurance-maternité et de l’AVS, soit un prélèvement paritaire employé-employeur sur le salaire. De chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins. Un principe qui soudain semble choquer davantage que le fardeau des primes maladie pour lesquelles l’Etat est appelé chaque mois à la rescousse, une part croissante de nos concitoyens ne parvenant plus à s’en acquitter.
L’opposition quasi totale des dentistes à cette initiative interroge. Comme si les soins à la population ne constituaient pas leur priorité. Leur frilosité s’explique sûrement par le droit de regard sur leurs prestations et tarifs dont pourra se prévaloir l’Etat. Qu’ils se rassurent, leurs collègues médecins s’en accommodent fort bien, depuis longtemps, et peuvent se targuer de salaires plus que confortables malgré une tarification unifiée. Gageons qu’il en sera de même pour les dentistes.
Car au fond, au-delà des arguties des uns et des autres, ne perdons pas de vue l’essentiel: l’accès universel à la santé. Plusieurs études ont démontré que les soins dentaires sont les premiers auxquels renoncent les populations précaires. En 2019, dans un canton aussi riche que Genève, il est intolérable que des personnes, et elles sont nombreuses, se privent de soins primordiaux pour des raisons financières. Une question de bon sens et de solidarité minimale.