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«Ils ont réduit les dépenses publiques et ce sont les femmes qui en souffrent en premier»

Au sein du mouvement hétérogène des Gilets jaunes, des manifestantes s’organisent pour porter avant leurs propres revendications féministes et sociales. Extrait de l’intervention de Tin Hinane, une «Amajaune» lorraine, prononcée à Metz le 20 janvier.
France

Avec la force et la vaillance d’un peuple animé d’une saine colère, les Gilets jaunes affrontent depuis deux mois la violence et le mépris du président et des riches: le monarque Macron… Dans cette lutte de classes que les peuples craignent de perdre, les femmes ont toujours été perdantes. Nombreuses, dynamiques, infatigables et courageuses, malgré leurs lourdes tâches professionnelles, sociales et familiales, elles sont depuis le 17 novembre dans toutes les assemblées, sur tous les ronds-points, manifestent dans la rue sous les gaz et les matraques. Sensibles et inventives, elles se rassemblent et créent des chaînes de solidarité pour venir en aide aux plus nécessiteux. Face à la misère grandissante, elles organisent des collectes et des distributions de vivres, couvertures et produits d’hygiène pour celles et ceux que le pouvoir laisse dépérir dans la rue.

85% des parents isolés sont des femmes. Près de la moitié vit sous le seuil de pauvreté. Les femmes sont désignées comme assistées; elles sont surexploitées dans des jobs mal payés, accumulent les temps partiels, les CDD, et travaillent même le dimanche à l’enrichissement des grands capitalistes. 90% des métiers sous-payés, d’aide à la personne sont occupés par des femmes. C’est sur leurs maigres épaules que reposent les soins aux malades, aux anciens, aux enfants…

On attend d’elles qu’elles travaillent comme si elles n’avaient pas d’enfants, et qu’elles élèvent leurs enfants comme si elles n’avaient pas de travail!

Macron et Hollande, et avant eux Sarko et Chirac, les marionnettes au service des plus riches du monde entier, ont trahi leur mission et ont infligé au peuple français des politiques d’austérité. Ils ont réduit les dépenses publiques et ce sont les femmes qui en souffrent en premier. Pour faire ses cadeaux aux riches, qui ont payé pour le porter en haut de l’Olympe, le monarque Macron demande aux collectivités territoriales de réduire la dépense de 13 milliards (d’euros).

Et ce sont les centres médico-sociaux dont les femmes pouvaient bénéficier qui disparaissent. Leurs enfants étudient dans des classes bondées – la France est passée du 4e rang au 26e rang des classements internationaux. Les activités extrascolaires sont payantes; les frais de cantine augmentent; les factures eau-gaz-électricité sont taxées à plus de 60%; le réseau de transports publics hors de prix disparaît…

Les plus riches siphonnent l’argent des services publics et les postes, les gares, les hôpitaux ferment; les médecins désertent nos provinces; les maisons de retraite se privatisent et se détériorent et c’est encore les femmes qui prennent en charge les anciens. Face aux puissants qui nous polluent et nous empoisonnent, elles doivent bosser, nettoyer, remplir la casserole, nourrir, soigner, éduquer, transporter, égayer… Elles se font toujours baiser.

A travail égal, elles gagnent encore en France 25% de moins que les hommes, soit un minimum de 50’000 € de moins sur dix années de travail… 200’000 euros en 40 ans! Leur travail ménager n’est toujours pas considéré, ni rémunéré. Les femmes sont les premières victimes du libéralisme, du sexisme.

Qu’à cela ne tienne, les Amajaunes ont posé les serpillères pour exprimer leur colère!… Et ce ne sont ni leurs coups, ni leurs insultes, ni leurs violences qui nous feront taire. La rue est à nous! L’avenir de nos enfants et de notre planète nous appartient. Le capitalisme et le patriarcat ne s’effondreront pas tous seuls, aidons-les.

L’auteur utilise un pseudonyme (nom connu de la rédaction).

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