Brexit: redonner une chance aux urnes
La première ministre britannique Theresa May s’est une nouvelle fois heurtée à un mur mardi soir. Le parlement a alors rejeté l’accord de sortie de l’Union européenne négocié par son gouvernement, par 432 voix contre 202. Une gifle politique d’une violence inédite depuis près d’un siècle. Dix-huit mois d’intenses négociations avec Bruxelles ont alors été réduits à néant.
Outre les craintes croissantes de voir le Royaume-Uni se séparer de l’UE sans le moindre accord au 29 mars, ce dernier épisode du feuilleton Brexit démontre une fois de plus que la Grande-Bretagne est surtout minée par une profonde crise politique interne.
Une situation qui déteint sur tous les autres pays européens. Les incertitudes et l’immobilisme qu’elle entraîne ne sont en effet bons pour personne. Et surtout pas pour une Union qui a grand besoin de mener d’importantes réformes pour se reconstruire un peu de crédibilité.
Bruxelles a été très claire. Elle ne retouchera pas l’accord conclu. La balle est donc dans le camp de Londres, qui doit trouver une nouvelle voie. Mais une chose est sûre, Theresa May a beau avoir échappé de justesse à une motion de censure travailliste mercredi soir, elle a perdu sa légitimité pour montrer le chemin de la sortie. Si on se doit de saluer son sens démocratique – elle a tout tenté pour respecter le résultat du vote sur le Brexit, alors qu’on se souvient de certains pays qui s’assoient sur les décisions «inconvenantes» de leurs peuples, comme la France, avec le Traité constitutionnel européen –, la première ministre n’a plus le crédit politique pour élaborer un plan B acceptable tant par ses troupes que par Bruxelles.
Le temps semble ainsi venu de redonner une chance aux urnes. De nombreuses voix demandent un nouveau vote sur le Brexit. Celles-ci espèrent que les Britanniques se soient rendus compte que quitter l’Union n’est pas aussi simple que le promettaient les chantres de la séparation, qui ont réussi à convaincre, avec des promesses populistes, tant les souverainistes que les déçus d’une Europe ultralibérale. Le pari est cependant risqué. Le réflexe légitimiste du peuple confirme souvent le premier résultat lorsqu’un même sujet retourne dans les urnes. Une autre option passe aussi par un scrutin: des législatives anticipées, qui permettraient de redistribuer largement les cartes, pour rouvrir des négociations sur de nouvelles bases. Un souhait notamment émis par le dirigeant du Labour Jeremy Corbyn. Reste que l’on voit mal les conservateurs y adhérer.