Édito

Vers luisant, signal d’alarme

Vers luisant, signal d'alarme
PRO NATURA/HANS NIEDERHAUSER
Ecologie

Le ver luisant – ou grand lampyre – a été décrété animal de l’année 2019 par Pro Natura. Une manière pour l’association écologiste d’attirer l’attention sur la situation des insectes en Suisse et dans le monde.

Le grand lampyre est l’une des quatre espèces de vers luisants présentes en Suisse. Or, ce coléoptère est en recul. Les conséquences des pesticides (notamment des néonicotinoïdes), de la disparition des espaces naturels et de la pollution lumineuse. Car la lumière émise par la queue de l’animal annonce aux prédateurs qu’il contient des poisons défensifs et, en période de reproduction, permet à la femelle d’attirer de la sorte le mâle. La multiplication des sources lumineuses trouble ce délicat processus.

Au-delà du ver luisant, c’est bien sûr au sort des insectes que Pro Natura veut sensibiliser le grand public. Une catastrophe silencieuse est en cours1>François Ramade Disparition des insectes : une catastrophe silencieuse, sur le site Reporterre.net, pour paraphraser un article du professeur François Ramade, un des précurseurs de l’écologie en France, faisant lui-même référence à l’ouvrage classique de Rachel Carson, Silent Spring qui conduisit à l’interdiction du DDT.

En trente ans, selon une étude allemande de 2017, quelque 76% en moyenne (et jusqu’à 80% durant certaines périodes de l’année) des insectes ont disparu! Ce déclin est annonciateur de catastrophes écologiques pour au moins deux raisons. Ces animaux constituent une des bases de la chaîne alimentaire. Ils représentent deux tiers de la vie sur terre. S’ils disparaissent, c’est une nouvelle extinction de masse qui nous guette. Et ils sont les principaux pollinisateurs des plantes cultivées. Environ 80% d’entre elles ont besoin d’autres pollinisateurs que les abeilles, dont le recul inquiète depuis une vingtaine d’années.

Le message que le sympathique ver luisant nous communique est bien que le temps est compté pour préserver les conditions de vie sur terre. Une récente étude de l’Académie des sciences américaines aboutissait à des conclusions similaires à celles de ses homologues allemands2>Politis, 22 octobre 2018, Des scientifiques lancent un coup de clairon sur la disparition des insectes.. Et elles sont glaçantes: la planète n’a guère plus qu’une dizaine d’année pour redresser la barre.

Le moins qu’on puisse dire c’est que l’on n’en prend pas le chemin. Puisse le timide fanal agité par le ver luisant nous y aider.

Notes[+]

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