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Des serveurs pas comme les autres au Bout-du-Monde

Les EPI (Etablissements publics pour l’intégration) célébraient hier la réouverture de la buvette du centre sportif au Bout-du-Monde.
Des serveurs pas comme  les autres au Bout-du-Monde
Comme Jonathan, ils sont une dizaine de collaborateurs en emploi adapté à se relayer à la buvette du centre sportif. © Jean-Patrick Di Silvestro / Le Courrier
Genève

L’ambiance était à la fête, hier en fin d’après-midi, à la buvette du centre sportif du Bout-du-Monde. Un début de soirée marqué par l’inauguration officielle des lieux, gérés désormais par les Etablissements publics pour l’intégration (EPI). De prime abord, rien n’a changé dans cette buvette historique appartenant à la Ville de Genève. Si ce n’est la concentration inhabituelle de personnes en tenue de soirée, mêlées aux sportifs en quête d’un rafraîchissement.

Mais en y regardant de plus près, les murs ont été rafraîchis aux couleurs des EPI, les ardoises affichent de nouveaux mets et le personnel, très nombreux pour l’occasion, détonne également. Des jeunes en réinsertion, des maîtres socioprofessionnels et Jonathan, 27 ans, sont au service.

L’objectif, comme dans quelques autres adresses genevoises gérées par des institutions, consiste à permettre à des personnes en situation de handicap d’acquérir une vraie formation professionnelle dans la restauration. «J’ai travaillé plusieurs années dans les cafétérias des foyers des EPI, explique Jonathan, ravi d’intégrer une structure ouverte sur l’extérieur. J’aime apprendre de nouvelles manières de travailler. Ici c’est une buvette où je rencontre des gens que je ne connais pas, c’est bien.»

Tout comme lui, une dizaine de collaborateurs en emploi adapté se relaieront pour offrir des repas et des encas à la population 7 jours sur 7, de 11h à 23h. Entre une déclinaison de sandwiches, quelques bifanas portugais ou encore des grillades ou de la paëlla, on se régale rien qu’en lisant la carte. Côté boissons aussi, le choix est vaste et, pour la première fois, les collaborateurs des EPI serviront de l’alcool. «Je fais des cocktails, j’adore ça», raconte Jonathan qui constate une certaine satisfaction du côté des clients.

Nouvelles places de travail hors des ateliers protégés

Un sentiment confirmé par des athlètes croisés ce soir-là. «Je trouve magnifique de permettre à ces personnes, souvent attachantes, d’avoir un vrai travail et de se sentir utiles à la société, se félicite une jeune coureuse de fond. Je suis ravie et je me réjouis de venir y manger une fondue.» Au baby-foot, les invités de ce soir de fête se mesurent aux jeunes joueurs du FC Champel EPI. Etnik, Julien Salah et Daniel rayonnent et se battent avec ferveur. «Lui, il ne parle pas, mais il est content», assure Etnik en montrant son voisin. Ici comme dans quelques autres structures privilégiées, la différence n’est plus visible, ces jeunes se fondent dans la fête avec un enthousiasme indéfectible.

Plusieurs personnalités dont le conseiller d’Etat Thierry Apotheloz et le maire de la Ville de Genève, Sami Kanaan, avaient fait le déplacement. Tous séduits par ce projet d’intégration de personnes en situation de handicap dans la vie professionnelle. «Cette collaboration entre la Ville et les EPI est presque un hasard et a pu se mettre en place rapidement, se réjouit Sami Kanaan. La fermeture de la buvette durant plusieurs mois a pénalisé les nombreux clubs sportifs utilisant ce site. Cette réouverture le mois dernier avec un tel projet d’intégration permet à tout le monde d’en sortir gagnant.»

Au Bout-du-Monde, les EPI ont pu créer de nouvelles places de travail hors des ateliers protégés. Et l’évolution annoncée du centre multisports pourrait amener les EPI à développer ce projet. «C’est très important pour ces personnes qui sont en capacité de travailler d’être en contact avec la société qui les entoure», souligne une retraitée, mère d’un adulte en situation de handicap qui avait intégré une structure de restauration. «Ils sont consciencieux, surmotivés et très appréciés par la clientèle. Je n’ai jamais vu personne râler parce que le serveur peut être un petit peu maladroit. Au contraire!»

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