Édito

La grande mutique

La grande mutique
Certains hauts gradés n'ont pas peur d'utiliser les hélicoptères de l'armée à des fins récréatives. KEYSTONE LAURENT GILLIERON
Armée

Les frais et déplacements des politiciens lémaniques font couler beaucoup d’encre depuis plusieurs mois. Et choquent avec raison. Mais certains de nos élus ne sont pas les seuls à prendre avec légèreté l’usage des deniers publics. Ainsi, comme le révélaient lundi la Tribune de Genève, 24 heures et La Liberté, la direction de l’armée met régulièrement les petits plats dans les grands quand il s’agit de se faire plaisir aux frais de la Confédération.

Voyages en hélicoptères des épouses de hauts gradés pour les rejoindre à une sauterie, cours de golfs, repas gargantuesques, alcool qui coule à flots ou pièces en or offertes pour se féliciter parmi ressortent des documents que nos confrères se sont procurés non sans mal. Pour pouvoir consulter l’audit en question – lancé après que le médecin-chef de l’armée, épinglé pour avoir organisé un «trop» somptueux repas de Noël, ait expliqué que ses supérieurs en faisaient de même –,  ils ont dû invoquer la loi sur la transparence dans l’administration. L’armée s’est en effet opposée des mois durant à sa transmission.

Que le conseiller fédéral Guy Parmelin ait exigé, à la suite de cette affaire, un changement culturel profond en matière de notes de frais montre bien que ces comportements ne s’apparentent pas à des dérapages, mais représentent la norme. Alors que des économies sont réclamées année après année dans la plupart des services de la Confédération, l’armée, elle, ne se sent pas concernée. Elle exige toujours de nouveaux budgets et veut les gérer à sa guise.

Berne a beau vanter régulièrement que nous possédons désormais une force «moderne et efficace», cette affaire rappelle que l’armée suisse n’a pas changé dans le fond. Elle se comporte toujours comme si rien n’était trop cher pour elle, comme si tout lui était permis et estime encore qu’elle n’a de comptes à rendre à personne.

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