International

Italie: le populisme persiste

Italie: le populisme persiste
L'approbation des citoyens italiens pousse Luigi Di Maio et Matteo Salvini à cacher leurs différends. Keystone
Italie

Alors qu’il semblait bien parti pour piquer du nez avant l’automne, le gouvernement italien résiste. Après cinq mois en poste, sous l’arbitrage du président du Conseil Giuseppe Conte, la coalition jaune-verte, alliance du Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystème) et de la Lega (extrême droite), est plébiscitée par 57% des Italiens, selon un sondage Ixè paru hier. Une approbation en légère baisse, mais suffisante pour convaincre les vice-présidents Matteo Salvini (Lega) et Luigi Di Maio (M5S), les deux leaders de facto du gouvernement, de continuer à masquer leurs différends.

Des désaccords qui semblent d’ailleurs s’estomper avec les mois. C’est que la ligne dure adoptée par Salvini envers les migrants séduit les Italiens: à force de gesticulations et de quelques mesures choc, la Lega est plus populaire que jamais, passant de 17,3% des voix lors des législatives de mars à plus de 30% d’opinions positives aujourd’hui. Le M5S, lui, a perdu cinq points par rapport aux 32,6% de voix obtenues au printemps. En baisse, donc, mais on est loin de la dégringolade à laquelle on aurait pu s’attendre, les positionnements droitier du M5S ne semblant pas avoir déstabilisé les nombreux électeurs issus de la gauche.

L’année est toutefois loin d’être terminée. On verra en effet dans les prochaines semaines comment la coalition gérera concrètement le récent rejet par Bruxelles de son projet de budget 2019. Une première dans l’histoire de l’Union européenne, justifiée par un déficit prévu de 2,4% du PIB, combiné à une dette élevée (132% du PIB), que les mesures économiques annoncées ne devraient pas contenir, au contraire.

Parmi ces dernières figurent par exemple quelques propositions plutôt progressistes, comme l’allocation de 780 euros par mois pour les 6,5 millions d’Italiens les plus démunis – elle remplace la proposition de revenu de base inconditionnel promise par le M5S –, ou la possibilité de partir à la retraite à 62 ans. Nettement plus libéral, l’impôt à taux unique (flat tax) bénéficierait surtout aux plus riches. Le refus de Bruxelles de ce «budget du peuple», comme l’appelle le M5S, a poussé Di Maio et Salvini à s’en prendre vertement à l’UE. On verra s’ils maintiennent ce cap, alors que deux Italiens sur trois souhaitent que le pays demeure dans la zone euro.

Enfin, côté opposition, le même sondage donne le Parti démocrate (centre gauche) à peu près au même niveau historiquement bas qu’en mars dernier (autour de 18%). Quant à Forza Italia, le parti de Silvio Berlusconi, il chute de 14% à 8%. Alors que la page du Cavaliere semble bel et bien tournée, quel dommage de ne pas arriver à s’en réjouir.

International Samuel Schellenberg Italie

Connexion