Bras de fer sur les salaires
Les travailleurs et travailleuses jouent gros dans l’épreuve de force qui oppose la Suisse et l’Union européenne sur fond de libre-circulation. Ces derniers jours, les annonces se sont succédé 1>Nos éditions du 9, 13 et 14 août, qui s’interrogeaient sur l’avenir des bilatérales tandis que l’UE exige de la Confédération qu’elle lâche du lest sur les mesures d’accompagnement. Mesures qui, il est bon de le rappeler, protègent les emplois suisses contre la sous-enchère salariale. Délais assurant la qualité des contrôles, conventions collectives de travail, garantie de salaires minimum, mesures contre l’indépendance fictive… Ces outils permettent à l’économie de se développer tout en limitant les cas de dumping.
Seule une protection forte des conditions de travail permettra à la libre-circulation des personnes de déployer ses effets les plus bénéfiques. Une analyse que martèlent les syndicats, rejoints cette semaine par… le patronat suisse! La Fédération des entreprises romandes et le Centre patronal ont demandé au Conseil fédéral de ne pas céder sur ces mesures d’accompagnement. Car en face, la machine néolibérale a atteint une telle puissance qu’elle menace la solidité du tissu économique et social suisse. Chantiers, restauration, vente, services… Nier la réalité des pressions sur les salaires et les coûts dans ces domaines relève de l’aveuglement.
Au lieu de voir l’intérêt à préserver des conditions de travail optimales, l’Union européenne préfère demander à la Suisse de baisser la garde. Elle n’a visiblement pas encore appris la leçon du Brexit, qui a surfé sur des illusions protectionnistes – pour partie – alimentées par la lassitude générale face aux politiques néolibérales appuyées par Bruxelles.
Ne nous faisons pas d’illusion: si une partie du patronat helvétique soutient les mesures d’accompagnement, ça n’est pas par préoccupation pour les salariés ou pour recadrer un libéralisme carnassier. Mais plutôt par crainte de voir des contrats lui échapper. Au vu du contexte économique, tout soutien doit toutefois être salué. Ne reste au patronat qu’à faire passer le message à ses habituels représentants dans les partis bourgeois. Surtout auprès de ceux qui ont l’habitude de critiquer les défauts de la libre-circulation tout en balayant les mesures concrètes demandées par les syndicats.
Notes