Édito

PSS: la fronde des jeunes

PSS: la fronde des jeunes
La libre opinion co-signée par trois membres de la Jeunesse socialiste suisse se distancie avec le compromis réalisé entre le Parti socialiste et le bloc bourgeois du parlement. KEYSTONE
Parti socialiste

Dans l’édition de ce jour, Le Courrier publie – en même temps que la Wochenzeitung – une libre opinion co-signée par trois membres de la Jeunesse socialiste suisse1>Mattea Meyer, Cédric Wermuth et Fabian Molina (et par ailleurs élus-e-s au Conseil national). Un texte qui se distancie résolument du soi-disant compromis passé par les pontes du parti à la rose sur la réforme de la fiscalité des entreprises et qui vise à abaisser substantiellement le taux payé par les personnes morales sur leurs bénéfices.

Rappelons qu’une première mouture de ce texte – la fameuse RIE III, rebaptisée depuis Projet fiscal 17, puis Loi relative à la réforme fiscale et au financement de l’AVS – avait été refusée en votation populaire en février 2017. Ce printemps, de subtiles négociations entre le bloc bourgeois et des éléphants du Parti socialiste ont débouché sur un compromis, en liant le dossier de la fiscalité des entreprises à celui de l’AVS.

Un marché de dupes, selon ces militants socialistes. En clair: un rapport de force politique est en train de se construire. La gauche de la gauche et les syndicats romands planchent sur le lancement d’un référendum, à l’instar de la démarche qui a permis de contrer l’élévation de l’âge de l’AVS, contre l’avis des centrales syndicales et des partis nationaux. Les jeunesses socialistes et vertes semblent donc elles aussi décidées à en découdre. Cela permettra de franchir le Röstigraben.

Une bonne nouvelle, dans la mesure où le compromis négocié par les instances du PS est peut-être réaliste en termes de rapports de force aux Chambres –la gauche, minoritaire dans ce cénacle réactionnaire, n’a droit qu’à quelques miettes –, mais oublie le long terme.

Diminuer le taux d’imposition du bénéfice des entreprises va à rebours du bon sens qui voudrait que l’argent soit pris là où il est. Cette réduction va dans le sens contraire. Et, à l’arrivée, la charge fiscale risque bien d’être en partie reportée sur le travail, via une hausse de la TVA, et de se traduire en perte de prestations de l’Etat. Sans oublier que ce projet de loi s’inscrit dans une opération de prédation des ressources fiscales d’autres pays.

Comme souvent, le volontarisme politique et le rappel des fondamentaux vient de la base et des jeunes. Ne boudons pas notre plaisir.

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