On nous écrit

Il faut un peu de courage politique

Suite à un récent courrier des lecteurs, Nigel Lindup transmet une réflexion au sujet du changement ­climatique.
Environnement

Intéressante juxtaposition le mardi 31 juillet entre le courrier de Matteo Campagnolo sur le Mondial 2018 et l’interview de Guirec Gicquel de l’OFEV (Office fédéral de l’environnement) et, sur les réponses suisses aux défis climatiques.

Difficile, franchement, de comprendre en quoi exactement «la planète entière [se porterait] mieux» du fait d’un meilleur usage du VAR (assistance d’arbitrage vidéo) pendant le Mondial. M. Campagnolo habite-t-il la même planète que moi? Pour que ma planète se porte mieux, il faut plutôt analyser le rôle que jouent de tels événements pharaoniques dans le bouleversement climatique, en se posant des questions existentielles.

Tout en prenant du plaisir aux différents matchs, je ne pouvais m’empêcher de réfléchir aux coûts en émissions de gaz à effet de serre (GES) de la construction et des trajets en avion jugés nécessaires par la FIFA. Plus ­besoin de chiffrer tout cela, ni de préciser la provenance de chaque tonne, le sens commun nous impose une halte. Nous connaissons déjà l’impact de ces émissions.

Quant à la Confédération, des innovations pour «s’adapter» aux conséquences de la destruction de notre système climatique sont les bienvenues, mais où en est la Suisse en termes de maîtrise de nos émissions? Nos engagements en vertu de l’accord de Paris ne suffisent pas pour maintenir la hausse de température en deçà de 2 degrés (climateactiontracker.org). M. Gicquel dit que les mesures d’adaptation doivent être combinées à des mesures de réduction des GES; alors pourquoi, par exemple, le Plan climat cantonal de Genève 2015 permet-il à l’aviation des émissions qui anéantiraient les fortes réductions demandées dans d’autres secteurs?

Enfin, en ce qui concerne «la Suisse, château d’eau» en se concentrant sur la seule adaptation, il y a un risque que tous nos glaciers disparaissent d’ici 2099. Selon l’analyse de Martin Beniston, de l’Institut pour les Sciences de l’Environnement (ISE) de l’université de Genève, le Rhône pourrait dès lors se tarir en été et en automne. Une telle situation entraînerait des rivalités entre les différentes zones riveraines pour s’approprier d’une ressource jadis considérée comme éternelle, mais en réalité devenue rare. Dans de telles conditions, quelle utilité aura la tant vantée «résilience» d’une ville rhodanienne comme Sion?

On ne peut que craindre le bilan du Mondial 2026 en Amérique du Nord. Si nous voulons mettre fin à la destruction de notre atmosphère, ô combien fragile, afin que ces prévisions ne deviennent jamais réalité, il faudra du courage politique. Saluons l’exemple des Valaisans, qui ont rejeté l’organisation des JO sur leur territoire.

Nigel Lindup, Versoix (GE)

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