L’Aquarius repart en mer
L’Aquarius, le navire affrété par l’organisation européenne de sauvetage en mer SOS Méditerranée et opéré en partenariat avec Médecins Sans Frontières (MSF), repart en mer car des êtres humains continuent à perdre la vie en tentant de fuir l’enfer libyen. Il repart en mer car le sauvetage est son devoir, sa responsabilité, sa mission et celle des marins à son bord. C’est aussi le devoir de tous les autres bateaux qui naviguent en Méditerranée centrale et de leurs équipages. Aujourd’hui, les navires dédiés à la recherche et au sauvetage d’embarcations en détresse sont en nombre plus insuffisant que jamais.
L’Aquarius repart dans les eaux internationales, au large de la Libye parce qu’il en a le droit et que l’aide qu’il peut apporter est efficace, professionnelle et humaine.
Certains disent qu’il serait complice du drame humanitaire qui se déroule en Méditerranée, c’est faux. Son seul et unique objectif est de sauver des vies en mer: empêcher que des femmes, des hommes et des enfants ne se noient. Toutes ses actions sont guidées par un seul impératif ancré dans le droit maritime international: secourir les personnes en danger de mort dans les eaux internationales le plus vite possible. Et les conduire, dans les meilleurs délais, vers un lieu sûr et proche, où elles puissent obtenir la protection à laquelle elles ont droit, où leurs besoins seront assurés et leurs droits garantis.
L’Aquarius s’engage à toujours coordonner ses actions avec les autorités maritimes, quelles qu’elles soient, comme il l’a toujours fait par le passé. Il s’engage à suivre toutes les instructions qui ont pour seul but le sauvetage dans le respect des conventions maritimes internationales. En toutes circonstances, il se référera à son devoir supérieur de porter assistance.
De fait, si ayant connaissance d’une embarcation en détresse, l’autorité maritime compétente lui donne ordre de ne pas s’approcher ni assister – comme cela a déjà eu lieu au cours des derniers mois, il ne se conformera pas à ces instructions de non-assistance à moins d’avoir la certitude que tous les autres moyens disponibles sont mis en œuvre pour sauver les personnes en danger et pour les mettre à l’abri dans un lieu sûr.
De même, s’il reçoit instruction d’attendre alors que le danger est imminent et qu’il a la possibilité de sauver des personnes d’une noyade certaine, il ne pourra pas attendre.
Enfin si on lui ordonne de débarquer les personnes secourues dans un port de Libye, ou de les transborder vers un navire qui les ramènerait vers l’enfer qu’elles fuient, il s’y refusera toujours. La Libye ne peut en aucun cas être considérée comme un lieu sûr.
Malgré lui, l’Aquarius est devenu un symbole de la solidarité maritime. Il prétend être les yeux et les oreilles des citoyens qui, comme lui, considèrent qu’en mer comme à terre, secourir ceux qui sont en danger prévaut sur toute autre considération. (…)
L’Aquarius s’engage à rendre public, dans la plus grande transparence, tout ce dont il sera témoin en mer. Il s’engage également à dénoncer tout ce qui irait à l’encontre des règles du sauvetage en mer définies depuis plusieurs décennies par les conventions maritimes internationales.
L’Aquarius repart en mer.
Nous sommes tous #onboardAquarius
Signataires:
Michel Agier, EHESS – Institut de recherche pour le développement
Yann Arthus-Bertrand, Président de la fondation «Goodplanet»;
Bertrand Badie, Professeur des universités
Emmanuel Blanchard, Président du réseau Migreurop
Patrick Chamoiseau, écrivain
Fatoumata Diawara, Musicienne
Eric Fassin, Professeur de sociologie
Cédric Herrou, Président de «Défends ta citoyenneté»
Bernard Lavilliers, Musicien
Enrico Letta, Enseignant-chercheur en science politique
Daniel Pennac, écrivain
Pierre Rabhi, Fondateur du mouvement «Les colibris»
Anne Sinclair, Journaliste
Judith Sunderland, Human Rights Watch
Michel Tessier, la Cimade
Watch the Med – Alarmphone.