Grèce: solidaire devant le drame
Au moins 74 morts dans les incendies en Grèce: le bilan est proche de celui de 2007 qui avait abouti à 77 décès. L’avenir dira si les quinze départs de feux simultanés sur trois fronts sont d’origine criminelle.
Volontaires et pompiers professionnels se sont démenés, salués en héros. Les réseaux ont vite relevé qu’ils ont fait les frais – comme tous les services publics et a contrario de l’armée – des mesures d’austérité imposées par la Troïka européenne après la crise de la dette. Cette crise dont il a été clamé, le 22 juin, qu’elle était «finie», sans considération pour le délitement du tissu économique et social, comme le note l’anthropologue Yannis Papadaniel sur son blog1> La Grèce aujourd’hui, hébergé par Le Temps.. D’ailleurs, la Grèce est sommée par l’Union européenne d’économiser pour 4,5 milliards d’euros entre 2018 et 2020.
Au tweet de Jean-Claude Juncker qui se déclarait «profondément attristé» mardi, plus de 130 réponses rétorquaient que certains avions n’avaient pu décoller pour lutter contre les incendies faute d’entretien et que l’austérité avait sapé les infrastructures des services d’urgence. Des reproches fondés, à prendre au sérieux: au Portugal, les mêmes griefs après les incendies meurtriers de 2017 ont poussé la ministre de l’Intérieur à la démission.
Volontaire sur place, Roza Perakis a confirmé au Courrier que les moyens manquent en Grèce. Mais elle nuance: la situation a pu être pire cette dernière décennie. «Nous ne sommes pas à sec. Certaines années, les pompiers n’avaient même pas de chaussures adaptées.» Ceux-ci avaient d’ailleurs manifesté leur désarroi avec les autres services publics en février 2017.
Devant la violence des incendies, il n’y avait pas (encore) de place pour la rancœur, mardi. Les Grecs étaient affairés à ouvrir leurs maisons pour les sinistrés, à organiser des distributions de nourriture et d’eau. La crise et les incendies ont fait perdre beaucoup à la Grèce. Mais pas son élan de solidarité.
Notes