Vaud

Cocaïne, pétrole et multinationales

Corine Kibora fait un lien entre le deal de rue et l’exploitation par des multinationales des ressources de certains pays.
Deal de rue

Lausanne est agitée depuis quelques semaines par le deal de drogues qui se déroule dans ses rues, parfois à proximité des écoles.

Un trafic, notamment en mains de ressortissants nigérians, comme cela a été mis en évidence dans l’enquête réalisée par le procureur vaudois Bernard Dénéréaz, parue dans 24heures le 9 juin dernier, et par la nouvelle étude d’Addiction Suisse et consorts.

Ces dealers sont majoritairement issus de l’ethnie igbo, de religion chrétienne, dans le Sud-Est du pays. Les chrétiens (les musulmans aussi) y subissent des exactions de la part du groupe islamiste radical Boko Haram. A ces conflits à connotation religieuse se superpose la question du partage des ressources: représailles entre agriculteurs et éleveurs nomades ainsi sont courants (Le Temps du 25 juin).

Le Nigeria est une des premières puissances économiques africaines. Quelques très grandes fortunes et une pauvreté endémique. C’est que le Nigeria dispose de riches matières premières, comme le pétrole, qui ne profite pas au peuple nigérian: il est exploité par des multinationales telle Glencore, qui a son siège en Suisse et dont on sait le peu de souci pour l’environnement, les droits humains, et les arrangements avec les potentats locaux (voir l’enquête de Public Eye en RDC, ou le récent article du Temps).

La production et le trafic de drogues au niveau international sont souvent liés à des économies en difficulté, comme une réponse à une pauvreté en partie engendrée par le commerce mondial, où quelques pays sortent leur épingle du jeu. Comme par hasard, ce sont ces mêmes pays qui sont les plus gros consommateurs de drogues. Cherchez l’erreur.

Alors, si pour lutter contre le deal de rue, on soutenait l’initiative pour des multinationales responsables? Signer, c’est permettre aux ressources de rester au pays, c’est freiner le nombre de jeunes qui s’en vont et c’est, in fine, aussi réduire le deal de rue.

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