Suisse

La Poste, ses cars et les journaux  

La Poste, ses cars et les journaux
De par la loi, La Poste a pour mandat de garantir la distribution des journaux régionaux et locaux et de la presse associative. Keystone
La Poste

Les révélations sur les affaires CarPostal ont une résonance particulière pour le monde de la presse écrite. La filiale de La Poste a touché des centaines de millions de subsides pour soutenir le service public qu’elle fournissait. Par un jeu comptable, elle a dissimulé une partie de ses bénéfices, alourdissant artificiellement son bilan pour obtenir davantage de subventions, au nez et à la barbe de l’organe de révision KPMG.

Le lien avec les journaux? Il passe par l’aide indirecte à la presse. De par la loi, La Poste a pour mandat de garantir la distribution des journaux régionaux et locaux et de la presse associative. Elle doit élaborer ses tarifs selon ce qui s’applique aux grandes agglomérations, indépendamment de la distance effectuée. En vertu de ce service universel, le géant jaune touche 50 millions de francs de la Confédération chaque année et les répercute en un rabais sur l’envoi de chaque numéro de journaux qui répondent à un certain nombre de critères – dont Le Courrier fait partie.

Or La Poste argue que le secteur des journaux est déficitaire. Elle affirme y perdre 100 millions de francs par an et impose des hausses unilatérales. La faîtière de la branche Médias Suisses/Schweizer Medien a tenté d’obtenir les comptes détaillés qui justifieraient ces dires. Sans succès: les journaux sont censés avoir une confiance aveugle et suivre ces augmentations. Pour Le Courrier, la hausse cumulée se monte à 6 centimes par exemplaire, ce qui représente 120 000 francs de frais annuels supplémentaires. Le tout pour un service qui ne va pas en s’améliorant, avec des distributions de plus en plus tardives et une desserte moindre.

Le Courrier et Médias Suisses/Schweizer Medien ont déposé un recours contre cette escalade des prix. Un bras de fer débuté en 2011 et à l’origine d’une lettre ouverte déposée en 2014 auprès de la conseillère fédérale Doris Leuthard. Depuis, La Poste joue la montre et tente par tous les moyens d’éviter de présenter ses pièces comptables, maintenant une opacité totale sur ses activités. Les éditeurs doutent que l’entreprise tienne compte dans son calcul des économies d’échelle réalisées dans la distribution du courrier grâce aux journaux. Ils craignent que les subsides servent à alimenter les bénéfices de La Poste (420 millions en 2017).

Parmi les demandes de la lettre ouverte: que La Poste garantisse toute la transparence sur les frais de distribution des journaux. Une question plus que jamais d’actualité au vu du scandale CarPostal qui a mené à la démission de Susanne Ruoff, directrice de l’ex-régie publique. La personne qui lui succèdera serait bien inspirée de rouvrir ce dossier. En abandonnant tout faux-semblant.

Suisse Laura Drompt La Poste

Connexion