Des règles plus strictes
La création des grands casinos suisses, au milieu des années 90, m’a mobilisé de façon démesurée. Les Suisses allaient jeter leur fortune au feu à Campione, à Evian, à Divonne et à Constance. Il fallait retenir cet argent chez nous et en faire profiter l’AVS? Un pactole de 250 millions fut promis aux Suisses qui changèrent leur constitution avec empressement. Maintenant les casinos, qui agissent depuis les paradis fiscaux, peuvent atteindre leurs victimes consentantes par ordinateur. Le phénomène s’amplifie. Les casinos suisses perdent des parts de marché, leurs concurrents n’ont aucune obligation vis-à-vis de l’AVS. La nouvelle loi, combattue par référendum, vise essentiellement les jeux en ligne. Seuls les casinos suisses et les loteries romandes et alémaniques auront le droit de proposer de tels jeux. Les casinos étrangers auront leurs sites bloqués.
Les opposants, largement soutenus par ses sociétés étrangères, partent de l’idée qu’un tel blocage est contraire à leur crédo ultra-libéral. La nouvelle loi, que je vous invite à soutenir, protège nos règles du jeu qui sont très strictes. Elles permettent un apport très important au financement de l’AVS –six milliards en quinze ans – et, par les loteries, au financement des politiques sociales, culturelles et sportives de notre pays. Là encore, au titre de président de l’Œuvre Suisse d’Entraide Ouvrière pendant de nombreuses années, je peux en témoigner et dire ma reconnaissance. De plus, la loi permet de lutter contre la dépendance aux jeux avec efficacité. Environ 50 000 joueurs ont été interdits de jeu, dont 3 000 en 2017.
Pierre Aguet, ancien président de l’Association suisse contre l’argent du crime dans les casinos, Vevey