Édito

La Poste: «ce que je veux où je le veux»

La Poste: «ce que je veux où je le veux»
La Poste est seule maître à bord en ce qui concerne la transformation d'un office de poste en agence intégrée à l'épicerie du coin. KEYSTONE
La Poste

La Poste est seule maître à bord en ce qui concerne la transformation d’un office de poste en agence intégrée à l’épicerie du coin. Le Tribunal administratif fédéral (TAF) a tranché en ce sens dans un avis publié ce jeudi. Et plutôt sèchement. Même si l’affaire peut encore être portée devant le Tribunal fédéral, la cause semble entendue.

La voie de droit avait été tentée par la commune tessinoise de Balerna. Dans le cadre du processus de conversion de l’office local, la commission de La Poste (PostCom) avait donné raison au géant jaune dans sa volonté de fermer l’office, pardon, de le rendre plus «svelte et plus moderne», pour reprendre la novlangue qui a cours en la matière. La PostCom avait estimé que le redimensionnement à la baisse de l’office ne mettait pas en cause l’accès au service universel fournit par La Poste.

C’est cet avis qui a été attaqué. Mais en vain. Du point de vue du droit, il ne s’agit que d’une recommandation. Et non d’une décision. Qui, elle, serait susceptible d’être attaquée par un recours. En gros, le TAF laisse la bride sur le cou de l’ex-régie publique. Et celle-ci met plutôt les bouchées doubles.

Message transmis aux communes qui luttent pour tenter de préserver la présence de ce service public. Pour l’heure, elles avancent dans le désordre, chacune tentant dans son coin de sauver ce qui peut l’être, espérant que la foudre s’abattra sur le voisin.

Les bureaucrates de la mondialisation qui pilotent La Poste doivent se taper sur les cuisses devant tant de candeur. Seul un regroupement des forces permettra de mettre fin à ce processus de démantèlement d’un service public jadis garant du tissu social et de la cohérence territoriale. La réponse ne peut être que politique: via un changement de loi et un contrôle par les pouvoirs publics, sans même aller jusqu’à prôner une renationalisation, qui aurait pourtant le mérite de la simplicité.

Cela doit nous mettre en garde pour d’autres domaines. La mise en coupe du service public aboutit à la transformation des usagers en clients selon des critères de marché. Seul ce qui est rentable a droit de cité pour le plus grand profit du privé. Le reste – et qu’importent les besoins – est jeté dans une trappe qu’on devine être source de précarité, de pauvreté et de déshérence territoriale.

Opinions Édito Philippe Bach La Poste

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