États-Unis, l’espoir jeune
Si on n’a pas quelques idéaux à 15-20 ans, on n’en aura sans doute jamais, c’est bien connu. Samedi, alors que d’innombrables jeunes donnaient passionnément de la voix parmi les centaines de milliers de manifestants contre les armes aux Etats-Unis, l’espoir était permis: ce sont ces ados et jeunes gens qui ont fait vibrer les centaines de défilés «pour nos vies». Histoire de rebondir sur un énième massacre en milieu scolaire, celui du lycée de Parkland en Floride, le 14 février dernier.
Loin de n’être qu’obsédés par leurs statuts online, les Millennials ont donc aussi, pour certains, le gène de l’indignation. Et le sens du slogan, par exemple pour dénoncer la démission des parents face à leur devoir de protection: «Adults have failed us!» Une accusation qui revient en boucle depuis quelques semaines, et semble aller droit au cœur de nombreux géniteurs. Non sans rendre nerveux une partie du sérail politique, à moins de 230 jours des élections législatives de mi-mandat, cet automne.
Samedi, le président Trump, qui espère garder sa double majorité au Congrès, ne s’y est d’ailleurs pas trompé: il n’a lancé aucun tweet pour moquer la foule, depuis le club de golf floridien où il a passé une partie de la journée. Quant à la Maison blanche, elle est allée jusqu’à féliciter les «nombreux jeunes Américains courageux». Histoire de brosser dans le sens du poil les quatre millions de teenagers qui obtiendront cette année leur majorité.
Bien sûr, les images de samedi ne sont pas sans rappeler celles de la mémorable «Marche des femmes» organisées au lendemain de l’investiture de Donald Trump, pour protester contre cet homme ayant proféré tant d’insultes envers la gent féminine. Or ce mouvement, à nouveau massivement dans la rue en janvier dernier, a résolument contribué à transformer l’affaire Weinstein en raz-de-marée #Metoo.
Puisse cette frange engagée de la jeunesse étasunienne comprendre à quel point son rôle sera capital, ces prochains mois et années, pour faire évoluer les mentalités. Voire la loi, en l’occurrence le deuxième amendement, dont les mots pour le moins ambigus garantissent aux citoyens de pouvoir s’armer – un texte qui cause la mort d’une dizaine de milliers de personnes par an. Il a été voté en décembre 1791: il y a bien longtemps, d’autres parents avaient oublié de protéger leurs enfants.