Sur la brèche
Un 8 mars, encore. Et tant de choses à dire, toujours! La lutte pour les droits des femmes ne perd rien de son sens; les violences, symboliques ou physiques, et les injustices à leur encontre demeurent criantes. Mais en 2017, une brèche s’est ouverte. Des milliers de voix et de plumes s’y sont engouffrées, témoignages multiples d’une réalité partagée par les femmes de par le monde. Impossible de passer à côté du mouvement #MeToo (dénonçant les agressions sexuelles) et de toutes les interrogations qu’il soulève.
Sont-elles, sommes-nous, vraiment si nombreuses? On se prend à lever la tête, à regarder sa voisine en se demandant «elle aussi?» Ou à repasser le film de sa vie, courte ou longue, en se demandant «moi aussi?» Faut-il mettre, avec ce hashtag, une main sur la cuisse au même niveau qu’un viol? Celles, courageuses, qui ont témoigné n’ont pas cherché à hiérarchiser les souffrances. Elles ont voulu qu’on les entende. Elles ont pensé à toutes celles qui ne s’exprimaient pas publiquement mais n’en pensaient pas moins. Elles ont (re)pensé à toutes ces histoires qu’on se raconte, sous forme de confidences, parce qu’il faut que ça sorte. Beaucoup de témoignages, blessures et récits ont ressurgi, ces derniers mois. Après des années, voire des décennies de colères étouffées, le travail collectif pour panser ces plaies ne fait que commencer.
Une société tout entière se retrouve penaude, à se demander que diable faire de cette situation. #MeToo, d’accord, et maintenant quoi? Au fil de son dossier spécial, Le Courrier se demande justement ce qui a changé ces derniers mois et ce qui pourrait l’être à l’avenir. Un avenir proche, pas dans une société idéale et inatteignable. Et la situation n’est pas idyllique, les moyens financiers manquent, la loi est encore perfectible. A commencer par la définition du violeur en droit suisse, restreinte à «celui qui aura contraint une personne de sexe féminin à subir l’acte sexuel».
La bonne nouvelle est que bien des choses ont bougé. Les regards ont changé, une scène d’agression en public suscite plus facilement la réaction des badauds. Les femmes s’approprient des moyens de défense, savent la valeur d’un «non». Surtout, elles ne sont pas laissées seules dans leur combat. Dans les écoles, l’éducation des plus jeunes, garçons et filles confondus, prend mieux en compte ces questions de harcèlement. Enfin, les hommes prennent aussi la parole, témoignent de leur prise de conscience et de leur soutien à cette moitié de la population qui subit tant, au quotidien. Et la culpabilité a désormais un boulevard pour changer de camp.