La révélation des manipulations comptables chez CarPostal, une des entités de la Poste, pourrait bien donner lieu à quelques échanges musclés sous la coupole fédérale. Le Parti socialiste suisse (PSS) demande un débat urgent aux Chambres sur l’ex-régie fédérale. Au-delà de la filiale de transports en communs, la question de la fermeture compulsive d’offices postaux par le géant jaune est bien sûr dans le collimateur. Et si, là aussi, quelques libertés comptables avaient été prises pour mettre en place une politique de démantèlement social au nom d’une pure logique du profit?

La question a le mérite d’être posée. Peut-on espérer une réponse porteuse de sens politique et de bien commun? On peut émettre quelques craintes à ce sujet. Pour plusieurs raisons.

Tout d’abord, le parti à la rose hausse aussi le ton pour des raisons de tactique politique: Doris Leuthard a perdu sa vista, son aura, en annonçant son prochain départ de l’exécutif fédéral. La chasse est ouverte. Impossible de laisser ce terrain à la droite.

En second lieu, le PSS oublie un peu vite qu’il fait aussi partie du problème. N’a-t-il pas lui-même voté en 1998 le démantèlement de la régie PTT? Venir se plaindre après coup de ce qui était prévisible dès le départ risque de lui valoir quelques retours de manivelles. Gageons que cette question de fond sera éludée.

Et, troisième raison, le terrain est miné et les recettes qui seront avancées par les partis de droite prévisibles. Pour ces formations, le problème n’est pas d’avoir mis en coupe une tâche de l’Etat, mais bien l’excès de surveillance étatique. Ces mêmes partis n’envisagent-ils pas de privatiser une partie de l’eau potable à Zurich (Blick du 18 février)? Vu le rapport de force actuel, ces débats risquent surtout d’accoucher d’une souris technocratique pour calmer tout le monde dans un sain souci de consensus.