Dans l’angoisse d’un renvoi
Une femme soudanaise et ses deux enfants (7 et 12 ans, scolarisés) sont arrivés en Suisse en septembre 2016. Leur demande d’asile a été refusée par le Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM) quelques mois plus tard car la famille avait été enregistrée avec la prise des empreintes digitales à son arrivée en Italie.
En février 2017, la mère a été convoquée à la Justice de paix à l’adresse de sa marraine, Janine Resplendino, ancienne municipale lausannoise. La famille a été assignée à résidence à l’Etablissement vaudois d’accueil des migrants (EVAM) alors qu’elle n’y résidait plus et a été placée dans une nouvelle ville loin de l’école où les enfants sont scolarisés. Ils attendent dans l’angoisse leur renvoi en Italie.
Irina et Hashmat, un jeune couple afghan qui vivait en Iran avec ses trois garçons, décident, en 2015, de fuir en Suisse pour se protéger, eux et leurs enfants. Voyage difficile, avec de longues marches à pied. La famille est bloquée en Croatie, puis fuit finalement vers l’Autriche. Au bout de neuf mois, ils sont renvoyés de force en Croatie au nom des accords de Dublin. Les conditions de vie y sont déplorables et ils décident de repartir. Fuite à nouveau. Irina, épuisée, se perd dans une forêt pendant trois jours. Angoisses puis retrouvailles, enfin.
Leur arrivée en Suisse ne sera pas synonyme de tranquillité: «cas Dublin», il faudrait repartir une fois encore. Pas question pour cette famille de reprendre la route même si, cette fois, le voyage se ferait en avion… Irina est enceinte de 7 mois. La police arrive dans le centre de requérants où la famille avait trouvé la sécurité et un peu de répit. C’est l’aîné de 9 ans qui fera «l’interprète» pour ses parents: «ils disent que nous devons les suivre». Refus. Cris et pleurs. Menaces: «On reviendra, et si vous refusez encore, on vous renverra directement en Afghanistan».
A quelques semaines de l’accouchement du quatrième enfant, impossible d’imaginer et encore moins d’accepter de repartir. Aux traumatismes subis en Iran et pendant le voyage, s’ajoutent ceux liés à la crainte d’un nouveau départ.
Une femme érythréenne, enceinte de 7 mois. Arrivée en Suisse en septembre 2016, elle dépose une demande d’asile qui est refusée au seul motif que, pendant sa première audition, elle a dit aux autorités suisses qu’elle était passée par l’Italie. En février 2017, elle a été assignée au centre EVAM malgré sa grossesse, en vue d’un renvoi vers l’Italie.
Le Service de la population (SPOP) affirme que le renvoi en Italie est exigible et qu’elle peut être renvoyée avant la naissance de son bébé. Elle a un frère en Suisse, au bénéfice d’une autorisation de séjour durable, qui est une source de soutien indispensable. Elle attend dans l’angoisse son renvoi en Italie.
Appel d’elles en campagne
Le 8 mars prochain, le collectif Appel d’elles ira remettre au Conseil fédéral une requête pour la protection des femmes et des enfants qui demandent l’asile en Suisse. Jusqu’à cette date, vous pouvez signer l’appel sur le site www.appeldelles.ch
Le système actuel fait que les violences subies par les femmes ne sont pas prises en compte par les mécanismes de l’asile. Leurs droits élémentaires sont bafoués parce qu’on refuse de les entendre. Pour faire connaitre les situations de ces femmes, quelques-uns de leurs témoignages seront publiés en page Regards jusqu’au 8 mars. Nous vous invitons à les relayer à travers l’action «carte postale» en ligne sur le site du collectif.
Collectif Appel d’elles, www.appeldelles.ch, avec le soutien du Courrier.