Une vision à l’arrêt
Genève ne devrait récolter que des miettes du prochain fonds fédéral destiné aux mesures de mobilité dans les agglomérations suisses. Les projets d’extension des lignes de tram défendus par le canton ne sont aujourd’hui pas considérés comme prioritaires par la Confédération. D’autres infrastructures d’importance, permettant notamment de développer les transports publics, pourraient passer à la trappe. Seule une opération de lobbying désespérée pourrait changer la donne.
Cela signifie que, d’ici quatre à cinq ans quand les subventions issues des fonds précédents auront été épuisées, la région pourrait subir un creux considérable en matière de nouveaux aménagements destinés à la mobilité. Alors que le Grand Genève souffre déjà quotidiennement d’une saturation du trafic – particulièrement aux abords de la frontière –, la nouvelle est évidemment mauvaise.
L’humeur genevoise tranche avec la joie perceptible du côté des voisins. «C’est une jolie journée pour les Vaudois», s’exclamait mercredi la présidente du Conseil d’Etat vaudois, Nuria Gorrite. L’agglomération lausannoise se verrait attribuer pas moins de 110 millions de francs pour ses métros. La troisième ligne entre le Flon et la Blécherette est déjà sur les rails. Et dire qu’il faudra encore attendre près de deux ans pour voir une première infrastructure similaire, le CEVA, être inaugurée à Genève. Une chose est sûre, la vision cohérente défendue par Vaud auprès de Berne a porté ses fruits.
Au bout du Léman, le ministre des Transports Luc Barthassat ne jure que par un projet: la fameuse traversée du lac serait l’unique solution pour régler le problème du trafic pendulaire. Alors que la Confédération n’est pas convaincue par l’efficacité de cet ouvrage, au regard notamment de son coût exorbitant, l’idée fixe de la droite genevoise contribue à rendre la voix du canton moins audible quand il s’agit d’obtenir des subventions fédérales pour les transports publics.
Genève a cessé d’imaginer des solutions ambitieuses et cohérentes. Depuis plusieurs années, les autorités semblent se contenter de développer un peu les projets décidés lors la précédente décennie. Certes, prolonger les lignes de tram est une mesure nécessaire, mais elle ne réglera pas toute la question. De même que le CEVA, s’il n’est pas accompagné d’infrastructures complémentaires visant à déplacer davantage de pendulaires. Le canton paye le prix de son immobilisme.