Un jeu dangereux
Didier Bonny estime que faire miroiter des baisses d’impôts est évidemment séduisant sur un plan électoral, mais comporte de gros risques pour la santé financière du canton.
Dans trois mois, la composition du nouveau Grand Conseil genevois sera connue. Il est donc temps pour les partis de séduire leur électorat. Certains n’hésitent pas à sortir la grosse artillerie, comme le PLR avec ses projets de loi sur des baisses d’impôts. Et peu importe finalement que ces propositions ne soient pas chiffrées (augmentation significative de la déduction des frais de garde et doublement du montant maximum déductible pour le troisième pilier) ou carrément suicidaires pour les finances publiques en diminuant de 5% l’impôt direct sur les personnes physique, ce qui représenterait une perte de 125 millions dans les caisses cantonales.
Il s’agit en effet avant tout de brosser les électrices et électeurs dans le sens du poil et tant pis pour la démagogie, car faire miroiter une baisse d’impôts alors que la réforme sur l’imposition des entreprises se profile en est la parfaite illustration!
Les mêmes qui hurlent sur la dette du canton et qui ne votent pas le budget, parce qu’il est déficitaire, voudraient priver les finances cantonales de rentrées fiscales et ainsi aggraver la situation pour ensuite réclamer des coupes dans le ménage de l’Etat.
Alors bien sûr, ils vous assurent que tel n’est pas leur but et que les 125 millions et des poussières profiteront directement à l’économie puisqu’ils seront réinvestis par les ménages soulagés par cette baisse d’impôt. Refrain connu qui a pourtant mené Lucerne à la ruine à la suite de sa baisse drastique du taux d’imposition sur les entreprises qui est un vrai fiasco. Voilà qui n’est guère rassurant quand on sait que PF17 (nouvelle appellation de RIE III) prévoit 367 millions de pertes fiscales par an!
Et il faudrait encore en ajouter plus de 125 millions?! Pas nécessaire d’être un fin connaisseur de la politique genevoise pour savoir que ce demi-milliard annuel qui manquera dans les caisses de l’Etat aura pour conséquence une baisse drastique des charges, si ce sont les mêmes qui ont la majorité après le 15 avril. Coupes qui se feront avant tout au détriment des plus fragiles, comme les exemples de Lucerne ou celui avorté de Genève l’ont montré en s’attaquant au montant des subsides pour l’assurance-maladie.
Faire miroiter des baisses d’impôts est évidemment séduisant sur un plan électoral, mais c’est un jeu dangereux dans le contexte actuel genevois. Gare au retour de balancier!
Didier Bonny, candidat «Les Verts» au Grand Conseil