Bien plus qu’une alignée de dates, l’Histoire est un complexe mélange d’événements, de causes et d’effets. Une matière vivante, qui s’entretient et mérite qu’on ne la cantonne pas à des livres poussiéreux sur des étagères. Plutôt que la graver dans le marbre, il s’agit de la commémorer, d’en travailler le souvenir, de puiser des réflexions à son intarissable source. Apprendre ce qui a été fait pour savoir ce qui peut se produire à l’avenir.

Batailles, armistices, grèves, mouvements sociaux, marches pacifistes, mobilisations collectives: d’innombrables luttes jalonnent notre histoire, porteuses d’un pouvoir symbolique. Forcément, un outil aussi puissant attise les convoitises. «Et voilà comme on écrit l’histoire», a écrit Voltaire. Et voilà comme Emmanuel Macron peut, d’une main, démanteler les droits sociaux tout en envisageant de commémorer Mai 68, ajoutera-t-on. Et voilà pourquoi il nous incombe de reconquérir ce passé, sans le réviser pour autant.

Au cœur de cette édition, vous trouverez une sélection de moments charnières, de luttes pour un monde plus égalitaire, moins violent. De fil en aiguille, cette histoire montre que des mouvements bien organisés et aux revendications claires peuvent obtenir de réelles avancées sociales. Elle montre les failles et les forces à travailler pour mettre sur pied des mobilisations collectives efficaces.

Un enseignement des plus précieux, dans un monde où les acquis sociaux d’hier sont remis en cause, où les inégalités se creusent, où les guerres et la misère poussent des millions de personnes sur les routes de l’exil. Savoir que, par le passé, des luttes collectives ont su répondre à pareils défis, c’est soudain se permettre d’exister au-delà de toutes les tyrannies. Lire l’histoire intelligemment donne la capacité de résister face aux démantèlements de nos droits fondamentaux, mais aussi de porter une forme de renouveau. Grâce à l’histoire se constituent les liens entre la grève générale de 1918 en Suisse, Mai 68, le mouvement Occupy Wall Street ou encore les révolutions arabes.

L’histoire est une matière vivante. Alors à nous de nous emparer de 2018 pour mieux la façonner. De ne plus seulement «souhaiter une bonne année» mais de la rendre aussi pleine de sens que nous le rêvons.