Agora

L’art à l’abri

Culture

Université populaire nomade de la culture, La Marmite organise trois «veillées» par saison afin de mettre en débat ses objectifs et ses méthodes. Pour lancer le débat, l’enrichir, elle invite d’autres associations ou institutions à échanger sur les forces et complexités de leurs propres pratiques d’action culturelle.

Ainsi, le lundi 18 décembre prochain, à 19h, à la Haute école de travail social de Genève, seront conviés le directeur artistique et général du Théâtre Am Stram Gram, par ailleurs auteur et metteur en scène, Fabrice Melquiot et Mariama Sylla, comédienne chargée de la médiation et de la coordination des ateliers artistiques de ladite structure.

Mariama Sylla et Fabrice Melquiot évoqueront leur expérience de la démocratisation culturelle en revenant sur les possibilités d’une institution généralement dévolue à l’enfance et à la jeunesse.

Tous deux feront retour sur un projet singulier intitulé Arbres, prenez-moi dans vos bras; en l’occurrence, un récital poétique appelé à circuler – en cette fin d’année – auprès des populations de cinq abris de la Protection civile servant de centres d’hébergement à des migrant-e-s pris en charge par l’Hospice général.

Ce récital reprend des poèmes d’auteur-e-s syrien-ne-s contemporain-e-s venant d’Alep ou de Damas – vivants ou morts. Les textes sont traduits en plusieurs langues (français, anglais, dari d’Afghanistan et tigrigna d’Ethiopie). S’ajoutent aux mots, les sons d’un beatboxer et une présence plastique – celle d’un échassier sculpté par Jean-Louis Perrot.

Cette soirée nous fournira l’occasion, sans doute, de poser maintes questions: convient-il de rassembler les populations les plus diverses dans les institutions mêmes? Faut-il – au contraire – aller au-devant des publics «éloignés» de la culture, investir des lieux leur étant familiers? Les projets d’action culturelle méritent-ils de jouir d’autant de moyens que les productions plus classiques? Une certaine précarité ou sobriété est-elle de bon aloi? Quelle culture véhiculer? Toute offre artistique à l’endroit de publics sociaux doit-elle se penser suivant un processus co-construit?

Intitulée «veillée», la soirée du 18 décembre prend une place déterminante dans la vie de l’association La Marmite. Le motif des veillées symbolise une réception culturelle, collective et chaleureuse. A cette enseigne sont donc prévues trois rencontres annuelles contribuant à éclairer la portée mais aussi les obscurités des trois adjectifs qui qualifient La Marmite – projet d’action culturelle, artistique et citoyenne (cf. www.lamarmite.org). A chaque adjectif, sa soirée!

Après une introduction sous la forme, cette fois, d’un récit d’expérience (d’environ une demi-heure), l’assemblée est invitée à rebondir en s’appropriant le sujet du soir. Les actrices et acteurs de La Marmite (participant-e-s de ses parcours culturels, médiateurs-trices, relais associatifs, artistes, associé-e-s et permanent-e-s) apporteront au pot commun leurs propres constats, leurs convictions, leurs expériences enthousiasmantes ou plus difficiles.

Tout un chacun-e est bien entendu invité-e à réagir aussi en fonction de sa propre expertise et de ses idées. Au terme de la veillée, pour remercier l’engagement des présent-e-s, une agape valorisant les victuailles d’artisans de la région sera offerte. Par-delà l’amélioration collective du projet de La Marmite, l’enjeu de ces veillées est de servir à d’autres citoyen-ne-s ou d’autres associations engagés dans le combat culturel et social et de contribuer, plus largement, à la vitalité démocratique.

 

* responsable de la production de La Marmite.

Fabrice Melquiot & Mariama Sylla sur le thème L’art à l’abri, lundi 18 décembre, 19h – 20h30 à la Haute école de travail social, rue Prévost-Martin 28 à Genève (bâtiment A, salle 006). Entrée libre dans la limite des places disponibles.

Opinions Agora Julie Decarroux-Dougoud Culture

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