Le cauchemar des travailleurs de l’industrie du jouet
La réalisation des rêves des enfants sous le sapin de Noël signifie misère et exploitation pour les travailleurs et travailleuses des usines de jouets en Chine. Ces derniers, souvent travailleurs migrants séparés de leurs proches, triment en moyenne 11 heures par jour et jusqu’à six jours par semaine. Les salaires minimum qui suffisent à peine pour survivre ne permettent pas une existence digne, et encore moins d’investir dans l’avenir. Et ce n’est pas tout. Ils travaillent souvent avec des substances, comme la «banana oil» ou le benzène, qui peuvent conduire à de graves empoisonnements, à des leucémies voire à la mort.
La plupart vivent dans les dortoirs mis à disposition par les usines où ils sont entassés jusqu’à huit ou dix dans de petites chambres vétustes. L’absence d’hygiène des sanitaires et le manque d’eau chaude en hiver sont monnaie courante. Aucun mécanisme de plaintes n’existe, sans parler d’un système de représentation des travailleurs qui pourrait améliorer la situation.
Cette situation n’est pas nouvelle. C’est au milieu des années 1990 que les conditions de travail précaires dans les usines chinoises de jouets ont été rendues publiques, suite à deux incendies dévastateurs. La pression des consommateurs et consommatrices, des ONG et des médias ont forcé le secteur à agir – bien que très modestement. L’association faîtière de l’industrie des jouets a édicté un code de bonne conduite. Ce Code of Business Practices, valable pour l’ensemble du secteur du jouet, a défini et uniformisé des standards sociaux minimum pour les fabricants, principalement en Chine. Ces derniers produisent pour le compte de grandes marques internationales telles que Mattel, Disney ou Hasbro. Mais ce code de conduite n’a eu que très peu d’impact. C’est ce que prouvent des enquêtes répétées dans les usines chinoises de jouets conduites par des ONG de terrain comme China Labor Watch et Sacom.
De mai à septembre 2017, l’ONG China Labor Watch a conduit une vaste enquête1 dans quatre usines de jouets, lesquelles produisent entre autres pour Mattel, Hasbro et Disney. A nouveau, de graves violations du droit du travail chinois et des normes internationales du travail de l’Organisation internationale du travail (OIT) ont été constatées. Voici quelques-unes des violations les plus lourdes:
• Des heures de travail supplémentaires excessives (jusqu’à 100 heures) et des pauses trop courtes;
• Des salaires minimum qui ne permettent pas de vivre dignement;
• Des protections sur le lieu du travail insuffisantes: des masques et des gants de protection déficients et en quantité insuffisante, des extincteurs défectueux et des sorties de secours bloquées;
• Des conditions de vie difficiles: dortoirs bondés, mauvaise nourriture et installations sanitaires trop peu nombreuses et non hygiéniques;
• Pas d’assurances sociales ou assurances sociales insuffisantes;
• Absence de mécanismes de plainte indépendants et de système de représentation des travailleurs.
• www.solidar.ch
* Version pdf téléchargeable sous: bit.ly/2iWJbGD
Depuis 2015, à l’approche de Noël, Solidar Suisse sensibilise la population sur la précarité des conditions de travail dans l’industrie du jouet. Cette année, un dragon se promène dans les rues commerçantes de Suisse (Genève, Zurich, Berne et Bâle) pour informer les passants sur les conditions dans lesquelles les jouets sont fabriqués. Ce dragon distribue un magazine, Fair Toys, destiné aux enfants, qui peut aussi être téléchargé sous https://www.fair-toys.ch/ ou commandé gratuitement en version papier.