Un non aux prétentions de Genolier
C’est une victoire retentissante qu’ont remportée la gauche et les syndicats dimanche à Neuchâtel. Ils ont fait échouer dans les urnes, par 76% des voix, l’abandon de la Convention collective de travail du secteur de la santé (CCT Santé 21) décidé en mars par le parlement, à majorité de droite à l’époque. Alors que la politique de la santé agite le canton depuis de nombreuses années, les citoyens ont clairement exprimé leur attachement à des conditions de travail de qualité, afin de garantir des soins qui le soient aussi.
Rarement une convention collective de travail aura tant occupé le devant de la scène politique. Mais si c’est la lutte contre la hausse des coûts qui a servi d’argumentaire officiel à la droite neuchâteloise pour justifier sa volonté de mettre à mort une CCT déjà affaiblie, c’est bien l’appétit du groupe de cliniques privées Genolier (GSMN) qui a déclenché la bataille.
Celui-ci ne cache pas sa volonté d’étendre son «réseau» dans le canton, tout en livrant une guerre ouverte à cette fameuse CCT Santé 21 depuis des années – et notamment depuis la traumatique reprise de l’hôpital de la Providence en 2012 et le renvoi des grévistes en 2013. Cette convention, qu’il trouve trop chère et contraignante, GSMN a refusé jusqu’ici de la signer, mais n’a cessé de la dénoncer. C’est alors le PLR, dont plusieurs élus ont des liens étroits avec le groupe, qui a essayé de tuer le texte au Grand Conseil, avec l’appui de l’UDC et des Verts’libéraux. Une tentative contrée par deux référendums.
Dans ce combat, le Conseil d’Etat a joué un jeu des plus ambigus. Si le gouvernement s’est déclaré attaché au maintien de la CCT Santé 21, il n’a pas non plus fait officiellement campagne pour les référendums. Mais surtout, c’est lui qui au fil des années a profondément affaibli la convention. En cédant plusieurs fois face à Genolier, d’abord, invitant même le groupe à participer aux renégociations de ce texte qu’il combat de toute ses forces. En revoyant la CCT Santé 21 à la baisse à l’automne 2016 ensuite. Puis en ouvrant la porte à une certaine libéralisation du secteur, signant notamment de nouveaux «partenariats» avec GSMN, en janvier.
Ainsi, c’est aussi un grand non aux prétentions du groupe de cliniques privées qui est sorti des urnes. Les référendaires l’ont répété tout au long de la campagne: la santé ne peut être considérée comme un marché comme les autres. S’il faut trouver des solutions aux hausses des coûts, celles-ci ne doivent pas se faire sur le dos des employés ni sur la qualité des soins. I