Genève

Mobiliser les mal-logés

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Une très large coalition appelle à manifester pour le «droit à la ville» samedi à Genève. Partis de l’Alternative, syndicats, associations de quartiers, défenseurs des migrants et des locataires ont rejoint l’initiative du collectif Xénope pour réclamer une nouvelle politique du logement.

Un premier rassemblement a réuni plus d’un millier de personnes début juillet. Le nombre est relativement important, mais il demeure tout de même faible au regard de la quantité de «mal-logés» du canton. La réalité scandaleuse du marché locatif genevois – et d’autres villes suisses – mérite une mobilisation bien plus massive.

La pénurie d’appartements est en effet utilisée par le cartel de l’immobilier pour faire des profits faramineux sur le dos d’une grande partie de la population. Ce qui affecte profondément la qualité de vie de nombreux habitants. Et frappe davantage encore les plus précaires. C’est d’autant plus inadmissible que la loi est censée encadrer ce
marché.

Les chiffres sont parlants. Le taux hypothécaire de référence a baissé de moitié depuis 2008. Ce qui devrait entraîner des baisses de loyers généralisées. Ceux-ci ne cessent pourtant de monter. Selon le professeur d’économie de l’EPFL Philippe Thalmann, les prix réels des loyers ont augmenté sept fois plus vite qu’ils ne l’auraient dû!

Mais le système actuel laisse les habitants démunis face aux abus des propriétaires. Car, dans la pratique, il faut réclamer soi-même un ajustement vers le bas. Et peu osent le faire, tant la peur du «congé punitif» domine. Les craintes entraînées par la pénurie laissent de plus le champ libre à de nombreux propriétaires pour appliquer des hausses allant bien au-delà du droit, lors d’un changement de bail. Car presque personne n’ose les contester.

Quelle solution alors? Construire à tour de bras pour combattre la pénurie? Les statistiques officielles montrent malheureusement que la moitié des nouveaux biens immobiliers mis sur le marché est dédiée à la vente. Et une partie du reste est louée à des prix prohibitifs. Pendant ce temps, plus de 200 000 m2 de locaux commerciaux restent vides à Genève…

Il faut donc continuer à se mobiliser et mettre la pression par tous les moyens pour forcer un changement politique, en commençant par faire respecter les lois. Sans se décourager face à la puissance des lobbys immobiliers, qui sont largement représentés au Grand Conseil.

Opinions Régions Genève Édito Gustavo Kuhn Genève

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