L’argument de la peur
On aura tout entendu dans cette campagne pour nous faire avaler une pilule amère. Voilà qu’on nous présente comme un avantage le fait de cotiser au 2e pilier dès un salaire annuel de 21 500 francs, soit 2080 francs par mois. Merci le cadeau! Quand on sait que les cotisations minimales au 2e pilier vont de 7% à 18% selon l’âge, on se rend compte qu’il s’agira surtout d’une forte baisse du salaire net. Et lorsqu’on sait que personne ne peut nous dire quelle sera la rente qu’on tirera de cette cotisation… on voit à quoi ressemble ce pseudo-avantage. Mesdames, Messieurs, sortons nos calculettes. Disposer de moins d’argent pendant la vie active quand on a un petit revenu, cotiser une année de plus pour un système branlant, et espérer atteindre 94 ans (l’âge à partir duquel cette réforme PV2020 devient paraît-il un avantage par rapport à la situation actuelle)… Le calcul est vite fait. On ne peut que refuser pareille réforme.
Et c’est là qu’on nous sort l’argument de la peur: c’est ça, ou pire. Non mais, pensez-vous sincèrement que c’est en acceptant de repousser le droit des femmes à une rente à 65 ans, alors qu’elles n’ont toujours pas l’égalité salariale, qu’on barre le chemin aux retraites à 67 ans pour toutes et tous? C’est absurde ou naïf. Seule une résistance déterminée peut ouvrir la porte à un système plus juste et plus solide. Si tout l’argent qu’on nous demande de continuer à mettre dans le 2e pilier était versé dans le 1er, on s’en sortirait haut la main, y compris en incluant un bonus supplémentaire pour celles et ceux qui s’occupent de tâches éducatives et ménagères non rémunérées.
Parce que je refuse une égalité qui déprécie la vie des femmes, je voterai 2x Non à PV2020 le 24 septembre. Réveillons-nous! Refusons ensemble PV2020 et engageons-nous pour un autre système de retraite: solide, solidaire, égalitaire et digne. C’est-à-dire qui permette à chacun-e de prendre la retraite et de vivre avec une rente suffisante, quand c’est l’heure pour elle ou pour lui. Pouvoir choisir de s’arrêter – avec une rente qui permet de vivre – quand on voit que c’est le moment pour soi, c’est cela la vraie égalité; car nous le savons bien, certain-e-s sont plus abîmé-e-s par la vie active que d’autres. Une pure utopie? non, une égalité qui cherche à améliorer la vie de chacun-e, pour laquelle il vaut la peine de s’engager.
Marianne Ebel, Neuchâtel