Des programmes de justice sociale dans les universités. Des universités aux Etats-Unis, au Canada, au Royaume Uni ou encore en Irlande proposent des cursus d’enseignement de justice sociale. Sur le plan théorique, ces cours sont pluridisciplinaires et s’appuient en particulier sur la philosophie et la sociologie. Ces programmes incorporent des théories tirées des études féministes, queer, de la théorie critique de la race, de la pensée décoloniale, de la théorie critique, des cultural studies ou encore de l’écologie politique. Ils visent à aider les étudiants à prendre en compte les inégalités sociales et à être capables d’analyser leur fonctionnement sociologique. Mais l’enseignement pour la justice sociale n’est pas que théorique, il vise également à développer la capacité d’agir des étudiants face aux inégalités sociales.

Non seulement les contenus de l’enseignement pour la justice sociale, mais également les pratiques, leur valent la critique des milieux conservateurs. Ceux-ci les accusent de s’appuyer sur des théories pseudo-scientifiques et d’embrigader les étudiants. Cela donne lieu à des tentatives, par exemple au moyen de pétitions, de faire interdire l’enseignement pour la justice sociale.

Des manuels d’enseignement de la justice sociale. Afin d’avoir une idée plus précise de ce à quoi ressemble des cours de justice sociale, il est possible de se reporter à des manuels qui servent de support à ces enseignements. Maurianne Adams a coordonné deux ouvrages complémentaires sur ce sujet: une anthologie de textes pour étudiants, Reading Diversity and Social Justice, et un ouvrage d’activités pour les enseignants à destination des étudiants, Teaching for Diversity and Social Justice (les deux ouvrages ont connu plusieurs rééditions chez Routledge).

L’anthologie de textes, après une présentation théorique, couvre des thématiques tels que le racisme, l’antisémitisme, le sexisme, l’hétérosexisme, le validisme, le classisme, avant d’aborder les pratiques et les stratégies de changement social.
L’ouvrage d’activités propose des supports et des mises en situations qui permettent aux étudiants de réfléchir sur les systèmes d’oppression et de privilèges. Par exemple, un tableau invite chaque étudiant à se situer pour chaque oppression comme occupant une place d’opprimé, de privilégié ou indifférente dans le système de privilèges.

Les orientations de l’enseignement pour la justice sociale en école primaire. Bree Picower, dans un article universitaire de 2012, a indiqué six objectifs pour l’enseignement de la justice sociale dans les écoles élémentaires:
•    Les enseignants déconstruisent les stéréotypes à l’égard des élèves victimes de stéréotypes socialement négatifs et les aident à renforcer leur estime d’eux-mêmes;
•    Les élèves déconstruisent les stéréotypes qu’ils ont vis-à-vis des autres élèves et les élèves sont invités à présenter des éléments valorisant leur culture antérieure;
•    Les enseignements ne se contentent pas d’une éducation célébrant la tolérance et la diversité, mais ils enseignent l’histoire des différentes oppressions dont ont été victimes les groupes socialement minorés;
•    Ils développent l’empowerment de leurs élèves en leur présentant l’histoire et l’actualité des mouvements sociaux qui ont lutté contre les injustices sociales;
•    Les enseignants offrent aux élèves l’occasion de sensibiliser d’autres élèves ou d’autres personnes aux situations d’oppression qu’ils ont eux-mêmes vécues;
•    Les enseignants offrent l’occasion aux élèves d’agir pour changer les problèmes d’oppression ou de discrimination sociale dont ils sont victimes.
Alors qu’il existe de très nombreuses ressources en anglais sur l’enseignement pour la justice sociale, facilement accessibles sur Internet, on peut au contraire regretter l’absence de documentation dans l’aire francophone sur le sujet.