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Appeler un facho un facho

États-Unis

La terrible réaction de Donald Trump après l’attentat meurtrier de Charlottesville – renvoyant dos à dos agresseur suprématiste et agressés antiracistes – suscite une indignation bien légitime. Pourtant, elle s’inscrit dans une lecture du monde qui dépasse de loin l’étriquée pensée du président étasunien. Combien de médias n’ont-ils pas présenté les évènements de Virginie comme un affrontement entre groupes «radicaux» ou «extrémistes»?1 value="1">Le Monde, El País, El Mundo, etc.

D’abord, relevons cette incroyable réticence à qualifier d’«attentat terroriste» un acte de violence de masse, pourtant clairement ciblé et politique, et ce pour la seule raison que son auteur, Blanc, provient de l’extrême droite occidentale et non de l’intégrisme oriental. Après Dylann Roof, qui tua neuf Afro-Américains dans une église de Charleston en 2015, Alexandre Bissonnette, assassin de six fidèles d’une mosquée de Québec au début de cette année, sans parler de leur maître à tous, le Norvégien Anders Breivik, combien faudra-t-il de massacres d’extrême droite pour prendre conscience du phénomène? Et se mettre – sans ambiguïté – du côté de ceux qui entrent en résistance?

Car quoi qu’on puisse penser de la stratégie de contre-manifestation systématique du mouvement «antifa», accordons-lui, en l’occurrence, d’avoir vu juste. D’avoir joué les révélateurs: il n’y a rien d’anodin à se réunir armés jusqu’aux dents et bardés de croix gammées pour exprimer des idées de haine et de domination à l’égard de groupes ethniques minoritaires. Les contre-manifestants de Charlottesville voulaient avertir du danger qu’il y a à laisser se répandre ce poison. L’attentat de samedi leur donne malheureusement cent fois raison.

Le drame de Charlottesville souligne l’absurdité de mettre dans un même panier – étiqueté «radical» ou «extrémiste» – des mouvements prônant l’égalité, l’accueil et la solidarité et des groupes défendant la suprématie, le rejet et la haine. Toutes les idées ne se valent pas quelle que soit la couleur de peau de ceux qui les portent.

La confusion, soigneusement entretenue depuis le centre de l’échiquier politique, a évidemment pour conséquence d’associer l’idée de progrès social à la violence, au totalitarisme ou à l’irréalisme. Ce que l’histoire des conquêtes populaires contredit pourtant aisément.

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International Opinions Actualité Édito Benito Perez États-Unis

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