Simplicité nécessaire
Depuis mercredi, nous vivons à crédit. L’humanité a consommé l’ensemble des ressources qu’elle est capable de renouveler annuellement. Nous avons commencé à taper dans nos réserves et à épuiser notre écosystème.
Ce jour dit «du dépassement» se base sur un indicateur créé par le Global Footprint Network, un réseau représentant des organisations de défense de l’environnement comme le WWF. Chaque année, cette date-butoir survient plus tôt. L’an passé, à la même place, l’édito du Courrier évoquait ce triste anniversaire dans son édition du mardi 9 août, soit une semaine plus tard. Il y a dix ans, le rendez-vous se tenait le 28 septembre.
Notre mode de vie nécessiterait 1,7 planète. Et 3,1 pour la Suisse, qui a franchi ce cap en avril déjà, comme le rappelle un communiqué du WWF. Et même cinq Terres, si on se réfère au mode de consommation étasunien.
Bien sûr, il ne s’agit que d’un indicateur, forcément partiel face à la complexité des interactions dans la biosphère. Mais le sens global de cet avertisseur d’incendies se doit d’être écouté. D’autant que la question climatique lui donne une urgence nouvelle et plus prégnante.
Les émissions de gaz à effet de serre représentent 60% de cet indicateur. Si l’on veut inverser la tendance, il faut agir sur ce levier. Cela implique une mobilité différente, moins centrée sur la voiture et les énergies fossiles, ainsi qu’une alimentation plus durable. Avec moins de viande et en évitant le gaspillage actuel, par exemple.
Surtout, cela pose la question d’une croissance constante dans un monde fini. Evident? Pas sûr: les Suisses ont dit «non» en septembre 2016 à l’initiative des Verts pour une économie durable.
Pourtant, dans les années 1960, notre solde selon cet indice était encore positif. Nous ne vivions pas pour autant dans un goulag. Et si, pour une fois, plutôt que de cantonner notre nostalgie à la mode musicale, à coup de revival, nous l’appliquions à notre consommation? Vivre différemment ne signifie pas vivre moins bien.