Pas question de déréguler davantage le temps de travail
De longues durées du travail détruisent la santé psychique et physique. Phénomène qui est encore aggravé quand les dispositions sur le temps de repos ne sont pas respectées. La Suisse, où le temps de travail moyen stagne depuis des années à 42 heures, devrait justement prendre très au sérieux les résultats d’une nouvelle étude de la Australian National University (ANU).1 value="1">«A healthy work limit is 39 hours per week», ANU, http://bit.ly/2lrmgmD Depuis l’abandon du taux plancher pour le franc, de nombreuses entreprises ont encore augmenté le temps de travail hebdomadaire.
L’étude explique que des durées du travail élevées mettent en danger la santé psychique et physique d’une personne parce que celle-ci a moins de temps pour se nourrir correctement, prendre soin de sa santé et se reposer. Cela est d’autant plus valable pour les femmes qui, en raison de leurs tâches domestiques et de l’assistance prodiguée aux proches, sont souvent confrontées à une double journée.
Selon l’étude, la limite psychologique d’une durée hebdomadaire de travail saine est de 34 heures pour les personnes qui s’occupent de proches et du travail domestique. L’étude, unique en son genre, a utilisé les données de plus de 8000 salarié-e-s australiens.
Les résultats de cette étude sont aussi pertinents dans le débat politique suisse. Les conseillers aux Etats Graber et Keller-Sutter veulent supprimer la durée maximale hebdomadaire de travail et l’interdiction du travail de nuit et du dimanche pour des salarié-e-s du secteur des services ainsi que l’obligation d’enregistrer le temps de travail. Des semaines de 50 heures et plus pourraient devenir la norme. Les répercussions sur la santé des salarié-e-s seraient catastrophiques. Le nombre déjà élevé de burnouts en Suisse exploserait inévitablement.
Les motions cyniques de Graber et Keller-Suter ne sont donc clairement pas indiquées quand on voit la réalité des faits. Il faut plutôt améliorer la protection psychosociale des salarié-e-s en enregistrant davantage le temps de travail et en respectant les dispositions protectrices sur le temps de travail de la loi sur le travail. Et si une réforme devait être entreprise, il faudrait plutôt baisser la durée maximale du temps de travail.
* Secrétaire central de l’Union syndicale suisse (USS).
Notes