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Que le diable et l’oligarchie colombienne se bonifient!

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En Colombie, il y a 6 millions de déplacés internes, 60 000 disparus, 6000 prisonniers politiques, pas de garanties pour l’opposition au gouvernement, un demi-million d’exilés politiques, une pauvreté extrême qui concerne plus de 50% de la population, soit plus de 4000 enfants morts de faim sur ces trois dernières années. L’accord de paix mettant fin à la confrontation armée avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie – Armée du Peuple (FARC-EP) est signé, mais la véritable paix avec justice sociale en Colombie est encore bien loin car rien n’a changé pour bénéficier à la population pauvre.

On ne peut pas nier la détermination des insurgés des FARC-EP à respecter les accords, livrer les armes, se réintégrer dans la vie civile, s’organiser en parti politique, etc., en assumant tous les risques politiques, sociaux et de sécurité que cela peut impliquer pour cette organisation. Et dans l’espoir que cet État, voleur, menteur, traître et corrompu, respecte le pacte, accorde amnistie aux insurgés et à tous les prisonniers politiques, et œuvre pour la libération de Simón Trinidad, Sonia et Ivan Vargas [membres de l’état-major des FARC extradés aux États-Unis]. Et quand la population pourra-t-elle bénéficier de changements sociopolitiques et économiques?

Les FARC-EP jouent le tout pour le tout et nous tous, qui croyons à une Colombie en paix avec justice sociale, ne pouvons que soutenir et développer le processus qui suivra l’accord. Nous allons voter «oui» au référendum [le 2 octobre, les Colombiens auront à se prononcer sur l’accord de paix]. Mais il est nécessaire de dénoncer que le gouvernement et les groupes paramilitaires continuent à assassiner, menacer et déplacer les paysans et les défenseurs des droits humains en Colombie. Au premier semestre 2016, on compte plus de 300 défenseurs des droits humains menacés et agressés, dont 35 assassinés et 13 emprisonnés.1 value="1">www.pcslatin.org/portal/index.php/recursos-y-analisis/sala-de-prensa/noticias-2016/3794-colombia-35-defensores-de-derechos-humanos-asesinados-en-el-primer-semestre-de-2016 Si les groupes paramilitaires de l’ultra-droite ne sont pas combattus et démantelés par cet État même qui les a engendrés, la véritable paix ne sera pas possible.
Dans les régions, la lutte contre cette «démocratie de façade» et contre les multinationales-vautours qui pillent les richesses du pays est montée d’un cran. C’est ce qu’ont déjà montré les grèves régionales et les manifestations qui ont eu lieu dans le Chocó, la Guajira, le Putumayo, le Catatumbo, le Tolima ces dernières semaines d’août.

Dans les pays développés, personne n’est tué, obligé à déménager, victime de disparition forcée, torturé ou emprisonné parce qu’il est de gauche, communiste, qu’il dénonce la corruption, critique les gouvernements en place, ou formule des revendications en matière de santé, d’éducation, de logement ou de bien-être pour la population. L’actuel regain de légitimation de la théorie de la sécurité nationale ou de l’ennemi interne permet le renforcement de l’ESMAD, la police anti-émeute, entrainée pour tuer dans les manifestations publiques. Le gouvernement colombien se prépare à résoudre par la force ce que le peuple va demander dans la rue, et il n’est pas disposé à négocier. C’est le terrorisme d’État.

L’État colombien n’a jamais reconnu que la responsabilité de cette longue guerre [cinquante-deux ans] a été, est et continuera à être la sienne et celle de ses gouvernements incapables, qui ont persécuté le peuple, dans un pays où les gens ne trouvent pas du travail, où il y a plus de 3 millions de chômeurs et plus de 5 millions de personnes qui pataugent dans la débrouille de l’économie informelle, et où les paysans ne peuvent pas vivre du produit de leurs terres parce que les accords de libre-échange ruinent et appauvrissent l’ensemble des Colombiens, dont les petits entrepreneurs. Alors que la grande industrie d’extraction minière dévie et contamine les fleuves et leurs affluents, exterminer la faune et la flore afin de s’approprier l’or, l’argent, le charbon et toute la richesse nationale, en ne laissant que misère et désolation.

Toute forme de violence à venir sera uniquement et de nouveau de la responsabilité du gouvernement, de l’État et de l’oligarchie colombienne. Parce que la paix avec justice sociale est autre chose qu’une paix éthérée et bâillonnée au sein d’un système social, politique et économique indolent et meurtrier. J’espère me tromper, que le diable et l’oligarchie colombienne se bonifient et que l’argent pour la paix avec les FARC ne sera pas volé par cette même oligarchie, bien que les médias au service du gouvernement jettent toujours l’eau sale sur les insurgés.

Notes[+]

* Journaliste indépendant exilé en Suisse.

Opinions Agora Eliécer Jiménez Julio Agora

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La paix en Colombie

vendredi 26 août 2016
Nos articles sur le processus de paix en Colombie, initié en 2016 par la signature de l'Accord de paix.

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