Achever le réseau cyclable genevois et gagner le respect
L’association Pro-Vélo est la partie émergée de la communauté cycliste, soit quelque 3000 membres et sympathisants, mais elle représente une partie beaucoup plus large de la population genevoise qui utilise la petite reine de manière régulière. A la rentrée 2016, nos efforts se poursuivront dans trois directions: lutter contre les insuffisances du réseau cyclable et des infrastructures d’une part, stimuler la pratique du vélo auprès de la population et des jeunes en particulier d’autre part, et enfin, contribuer à un meilleur respect mutuel des usagers de la route et de l’espace public. C’est un combat de longue durée qui nécessite de l’énergie, l’engagement des membres de l’association et de l’imagination.
Un réseau cyclable encore très lacunaire. Malgré l’initiative 144, acceptée par le peuple en 2011, l’État de Genève n’a pas mis les moyens nécessaires pour compléter le réseau cyclable. De grosses lacunes subsistent, particulièrement en Ville où les pistes sont souvent inexistantes ou discontinues. Les dernières mesures prises par la Direction générale des transports à la rue de l’École-de-Médecine, par exemple, ne vont pas dans le bon sens, avec la suppression des bandes cyclables au profit du trafic automobile. Dans le domaine du stationnement, par contre, l’ouverture de deux vélostations à Cornavin est positive.
Il est difficile d’inciter les jeunes à utiliser le vélo si sa pratique est rendue dangereuse par des aménagements incomplets. A travers l’organisation de cours dans les écoles et des animations, l’association veut inciter les futurs citoyens à tester ce moyen de transport, bon pour la santé et peu gourmand en espace public. Dans ce sens, il est bénéfique à l’ensemble de la population. Il est donc plus qu’urgent que les administrations publiques et les élus cantonaux ou communaux prennent leurs responsabilités. Des améliorations pratiques peuvent être tentées, comme le «tourner à droite» au feu, pour les vélos, comme il se pratique avec succès à Bâle.
Quand il existe, le réseau cyclable semble servir d’espace «libre», comme si les cyclistes, eux, n’existaient pas. Chantiers, dépose de matériel, stationnement, livraisons, scooters, chacun se sert de l’espace cyclable à son gré. Si certains empiètements sont inévitables, pour les travaux notamment, ils devraient être mieux signalisés et organisés.
Le respect mutuel est indispensable. A Genève, l’espace public est restreint. Le lac et les ponts sur le Rhône créent des points de friction inévitables où les plus faibles doivent être protégés. Là où les pistes et bandes cyclables ne permettent pas aux cyclistes de rouler à l’aise, ils doivent compter sur le trafic motorisé pour leur laisser un peu d’espace vital. Vital est le terme adapté: en cas de choc, c’est le corps et la vie du cycliste qui sont en jeu. D’où la véhémence que les cyclistes mettent parfois à défendre leur place dans le trafic.
La relation avec les piétons est également un point important pour Pro-Vélo, parce que de nombreux espaces doivent être partagés faute de réseau cyclable cohérent. La question des parcs publics fait actuellement l’objet de négociations dont nous espérons une issue constructive d’ici à la rentrée.
En général, notre association souhaiterait avoir l’occasion d’échanger avec les services de l’Etat et les responsables politiques avant que ne soient prises des décisions concernant les cyclistes ou ne soient fixés des aménagements les touchant directement. De son côté, Pro-Vélo a engagé des contacts avec Mobilité piétonne et la Fédération des anciens de Genève afin de trouver un modus vivendi dans les espaces partagés. Piétons et cyclistes ont un intérêt commun à ce que le réseau cyclable soit terminé et de véritables priorités définies pour chaque catégorie d’usagers. A noter que les piétons peuvent aussi être la cause de collisions en traversant la chaussée de manière téméraire, souvent distraits par l’usage d’un téléphone portable ou d’écouteurs.
Lutter contre les abus. Pro-Vélo ne peut bien entendu pas cautionner les cyclistes qui se comportent de manière irrespectueuse, tant sur la route que dans les espaces partagés ou réservés aux piétons. Il existe une minorité d’irresponsables qui font du tort au vélo, se mettent en danger et mettent en danger les piétons, plus vulnérables qu’eux. Cependant, stigmatiser l’ensemble des cyclistes à cause du comportement d’une minorité d’entre eux nous semble à la fois injuste et contre-productif. De ce point de vue, Pro-Vélo a combattu les amendes de plusieurs milliers de francs infligés à certains cyclistes qui résultaient, semble-t-il, d’une application sans nuance d’une directive du Procureur général et d’une lecture parfois trop sommaire du rapport de police.