«Le VIH m’a ouvert les yeux sur la justice sociale»
Israel est le chef d’une communauté indigène qui vit à Veracruz, Panama City. Il a été diagnostiqué séropositif au VIH il y a sept ans, alors qu’il avait 24 ans. A cette époque, Israel ne savait rien du VIH. «J’ai cru que je mourrais rapidement et que je ne verrais pas mes enfants grandir», raconte-t-il.
Israel a cherché un appui et a commencé à s’impliquer auprès des organisations de la société civile locales qui militent pour une meilleure santé sexuelle et reproductive pour les jeunes et défendent les droits humains des populations les plus exposées. Il est devenu un membre actif de Genesis+ Panama, en faisant entendre la voix des populations indigènes auprès de l’organisation. «La jeunesse indigène reste confrontée à d’importants obstacles dans l’accès à des informations et des services complets sur la sexualité, disponibles dans notre langue et conformes à nos pratiques et notre modèle de bien-être», explique Israel. «C’est dommage, car nos communautés peuvent contribuer à la riposte au VIH et au développement de notre société».
Le VIH est une nouvelle menace de santé publique au sein des populations indigènes, car les données montrent que ces populations sont particulièrement vulnérables au VIH. Le gouvernement indique que les populations indigènes ont peu de connaissances sur les modes de transmission du VIH, adoptent des attitudes négatives vis-à-vis des personnes vivant avec le VIH et présentent de faibles taux de dépistage. Dans un rapport sur les droits des populations indigènes, la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes a révélé que les filles indigènes étaient plus nombreuses à entamer leur vie sexuelle avant l’âge de 15 ans que leurs homologues non indigènes. Le taux de grossesse chez les adolescentes est plus de deux fois supérieur chez les filles indigènes. L’autre grande préoccupation concerne les violences à l’encontre des femmes, qui présentent des liens avec l’infection à VIH et sont très répandues parmi les populations indigènes au Panama.
Israel travaille avec acharnement pour changer la situation au sein de sa communauté. Il organise des réunions avec des jeunes et des adolescents indigènes, dans des foyers ou sur la plage, pour discuter de la santé et d’autres thèmes importants. «Je veux donner à mes enfants et aux autres jeunes l’accès aux informations et aux outils pour prévenir le VIH», explique-t-il.
Israel s’occupe également d’une équipe de football composée de jeunes femmes indigènes. Chaque week-end, l’équipe participe aux championnats locaux. Avant le début des matchs, Israel et les autres entraîneurs proposent aux joueurs une formation sur la prévention du VIH. «Il y a beaucoup de jeunes exposés au risque dans ma communauté et je pense qu’en utilisant le pouvoir du foot, nous créons des opportunités d’améliorer leur bien-être et de renforcer le capital social», indique-t-il.
Israel consacre aussi son temps à faire un travail de sensibilisation sur le respect et la solidarité envers les populations les plus exposées et les personnes vivant avec le VIH. «Des mythes persistent autour du VIH au sein des communautés indigènes», explique-t-il. «La crainte d’être exclu ou rejeté empêche les gens de se faire dépister ou de se rendre dans les établissements de santé».
Revenant sur ce qu’il a appris depuis son diagnostic, Israel déclare: «Le VIH ne m’a pas imposé de limites. Il m’a ouvert les yeux sur la justice sociale et m’a incité à devenir la personne que je suis aujourd’hui».