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«Le PLR de Veyrier fait campagne aux dépens des citoyens»

GRANDS-ESSERTS • Invoquant une «instrumentalisation des citoyens», les diverses composantes (hors PLR) du Conseil municipal de Veyrier fustigent l’initiative communale PLR concernant le projet d’aménagement des Grands-Esserts. Le texte a été lu lors la séance du 20 janvier.

La récolte des signatures se poursuit pour l’initiative communale que le PLR de Veyrier a déposée le 2 décembre dernier. Objet: «un développement cohérent et responsable des Grands Esserts».

La démarche de recourir à une initiative populaire pour régler un différend entre le DALE (Département cantonal de l’aménagement, du logement et de l’énergie) et M. Barth, actuel maire de Veyrier, a déjà de quoi étonner. Mais, pour peu que l’on ait une vague connaissance du dossier, c’est carrément de l’indignation que suscite le document envoyé à la population.

Les initiants n’hésitent pas, tout d’abord, à écrire que le droit d’initiative est en l’occurrence exercé par le Conseil municipal, alors que, des six partis représentés au sein de cette assemblée, c’est bel et bien le PLR, et lui seul, qui a pris sur lui de lancer cette consultation populaire. Rappelons, en effet, que le contenu de l’initiative a été rejeté en plénière du Conseil municipal, par les cinq autres groupes le 27 octobre dernier.

A cela s’ajoute que ce texte émanant prétendument du Conseil municipal est cosigné par le PLR et les Vert’libéraux… alors que ce dernier parti n’est pas représenté audit Conseil!

Ne nous attardons pas sur la demande absurde de terminer les infrastructures routières et de mettre en service les nouvelles lignes de bus deux ans avant l’arrivée des premiers habitants, ni sur le souci de «mixité sociale» affiché par le PLR (qui exige que des PPE et des loyers libres soient prévus, comme si le projet du canton ne prévoyait rien d’autre que des logements sociaux). Le pire réside dans les cinq principes «essentiels» qui forment le contenu proprement dit de l’initiative.

On y trouve, pour commencer, la désormais fameuse exigence qu’un seul plan localisé de quartier, et non deux, régisse la première étape du projet. Pourquoi cette attention à ce qui paraît n’être qu’un détail technique? Parce que la décision de scinder en deux ce premier PLQ (prise par le DALE pour démarrer plus rapidement la construction de logements) est censée, aux dires de M. Barth, entraîner de façon quasi-automatique une cascade de recours, qui vont retarder, voire empêcher, la construction d’un centre commercial, unique objet de ses vœux pour financer la part de dépenses revenant à la commune. Or, la totalité des acteurs concernés (qu’il s’agisse des associations de quartier limitrophes ou des partis politiques, PLR excepté) s’est prononcée en faveur de la solution proposée par le canton. D’où viendront donc les recours paralysants? Quant aux dépenses à assumer par la Ville de Veyrier, elles se montent à 3,5 millions environ, répartis sur la dizaine d’années (au moins) que durera l’opération. Ce n’est certes pas une broutille, mais quand on a entendu le maire évoquer une somme de 40 millions lors de la séance d’information (sic) organisée par lui le 24 septembre dernier, on réalise à quel point les citoyens sont menés en bateau.

Deuxième demande du PLR: un nombre de logements limité à 285 dans cette même première étape. Est-ce à dire que le canton chercherait à lui imposer de résorber à Veyrier la totalité de la crise genevoise du logement? Nenni: le désaccord porte sur 20 appartements et sur des détails d’interprétation, par ailleurs résolus depuis que, votée par les cinq groupes non PLR du Conseil municipal, une résolution inclut dans la première étape un nouveau périmètre (la «pièce urbaine n° 6») qui permettra de concilier toutes les demandes de mixité, par ailleurs légitimes.

Suivent deux exigences qui reviennent à demander que la loi soit appliquée (répartition entre les différentes catégories de logements, et respect des règles de financement des infrastructures publiques), et bien sûr, le fameux centre commercial… sur lequel le canton et la commune se sont d’ores et déjà mis d’accord!

Alors, pourquoi autant de bruit et de fureur? Mais nous sommes en année électorale, voyons! Et se poser, tout à la fois, en défenseurs de la démocratie directe et du «caractère résidentiel de Veyrier», quoi de plus porteur auprès des électeurs?

Rappelons tout de même que ce sont les contribuables veyrites qui passeront à la caisse à chaque étape de cette opération publicitaire, et que, si par malheur il fallait aller jusqu’aux urnes, c’est à plusieurs dizaines de milliers de francs que se monterait l’ardoise.

Et tout cela pour un résultat indicatif, car finalement, l’Etat, propriétaire des terrains, fera ce qu’il voudra chez lui, et toutes ces encoubles n’auront servi qu’à retarder la construction des logements.

Mais peut-être qu’en tendant l’oreille du côté du PLR, on entendrait «Toujours ça de gagné»…

LES GROUPES PS, PDC, VERTS, VEYRIER-ENSEMBLE ET MCG DU CONSEIL MUNICIPAL DE VEYRIER

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