Édito

Le salaire, éternelle variable d’ajustement

Depuis que la Banque nationale suisse (BNS) a décidé, le 15 janvier dernier, d’abandonner le taux plancher de 1 euro pour 1,20 franc qu’elle avait introduit en septembre 2011, un peu partout en Suisse des entreprises réclament des baisses de salaires pour leurs employés, des paies versées en euros pour les frontaliers ou des augmentations du temps de travail. Quelle réactivité! On aurait souhaité qu’il en soit de même ces dernières années. En 2014, les exportations suisses ont atteint le chiffre record de 208 milliards de francs, en progression continue depuis cinq ans. On n’a pourtant constaté ni augmentations des salaires ni diminutions du temps de travail dans la branche durant ce laps de temps. S’il est vrai que les entreprises exportatrices, mais aussi les secteurs du tourisme et de l’agriculture, rencontreront des difficultés à moyen terme liées au taux de change, la situation actuelle diffère grandement de celle qui prévalait en 2011: aujourd’hui les carnets de commandes et les stocks sont pleins. Quant à la conjoncture, qui peut prédire les retournements qui nous attendent dans les mois à venir? Les prix des marchandises importées pourraient certes baisser et ainsi soulager le porte-monnaie des consommateurs. Mais pour l’heure, les effets d’annonce dont se prévalent quelques grandes enseignes ne trompent personne. Et ce n’est pas le tourisme d’achats qui pourrait compenser les incessantes augmentations de loyers et d’assurance-maladie. Résultat des courses: quand tout va bien on ne partage rien, quand tout va mal tout le monde doit faire des efforts. Aujourd’hui, des employeurs soumettent leurs salariés à un impitoyable chantage, utilisant le prétexte du franc fort pour restructurer ou maintenir leurs marges bénéficiaires à l’identique. L’expérience le démontre, dans notre pays, le salarié n’est pas bien loti. Jamais à l’abri d’une modification de contrat ou d’un licenciement. C’est donc dans le rapport de force que la vérité éclatera. On l’a vu récemment à Genève avec une société de volailles qui souhaitait rémunérer ses employés frontaliers en euros, avant de reculer sous la pression syndicale.

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