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Un «oui» combatif

GENÈVE • Davide de Filippo apporte un fort soutien au «oui» dans le scrutin sur la fusion des caisses de pension de l’Etat, partant du constat de la nécessité de leur recapitalisation.

Augmentation des cotisations, élévation de l’âge de la retraite, baisse des rentes, voilà une loi qu’on ne peut qualifier de progrès social. Et pourtant, le 3 mars prochain, la préservation des retraites des fonctionnaires et du secteur parapublic passe par un «oui» à la loi sur la caisse de prévoyance de l'Etat de Genève (LCPEG).

Un statu quo impossible?
Si l’on peut déplorer avec vigueur la recapitalisation à laquelle sont contraintes la CIA et la CEH, elle n’en demeure pas moins incontournable, en raison de l’allongement de l’espérance de vie des affilié-e-s, du déséquilibre entre actifs-ves et pensionné-e-s, de l’évolution de droit fédéral contraignant inutilement toutes les caisses publiques à augmenter massivement leurs réserves, ainsi que de la succession des crises financières du capitalisme.

L’ensemble de ces facteurs a pour conséquence d’obliger les caisses CIA et CEH à être refinancées à hauteur de 130 millions par an d’ici à 2052, auxquels s’ajoutent 800 millions de recapitalisation immédiate pour couvrir les engagements envers les pensionné-e-s de la CIA. Face à une facture totale de plus de 8 milliards de francs répartie sur 40 ans, le statu quo n’est donc tout simplement pas possible, sous peine de devoir décupler encore la facture par une recapitalisation intégrale, voire à défaut une liquidation des deux caisses.

La droite en embuscade
Personne ne se fait d’illusions, le soutien de la droite à la LCPEG n’a pas pour but de préserver les retraites des fonctionnaires. Au contraire, les objectifs de la droite sont tout autres: réduire drastiquement le coût des retraites du service public, et démanteler tout ce qui dépasse le minimum légal de la LPP.

Le projet de loi négocié entre le Conseil d’Etat et le Cartel intersyndical a donc constitué le premier obstacle opposé à cet objectif de démantèlement. C’est en effet bel et bien sur un projet «trop généreux» aux yeux de la droite que le parlement a été contraint de travailler.

A l’heure de se positionner sur la LCPEG, la droite a hésité entre deux options stratégiques: accepter le seul projet existant à ce jour, ou lui retirer son soutien au profit d’une relance du processus législatif revenant immédiatement sur les acquis de la LCPEG. Dans ce débat-là, ce sont notamment les milieux bancaires qui l’ont emporté, redoutant qu’une relance du processus législatif, avec les risques d’échec qu’il comporte, n’aboutisse au final à une note encore plus salée pour les finances de l’Etat et pour leurs propres affaires. A vouloir aller trop vite dans son plan de démantèlement, la droite aurait pris  le risque de se voir imposer une recapitalisation bien plus coûteuse financièrement (11 milliards sur dix ans) ou politiquement (baisse de la note genevoise des agences de notation, endettement ou augmentations d’impôts, liquidation des caisses, etc.).

Ne nous leurrons  pas, les propos de François Longchamp – rapportés dans la presse – enjoignant ses coreligionnaires à ne pas offrir une victoire au SSP sont purement tactiques: tous les moyens, y compris l’agitation d’un épouvantail anti-libéral, étaient bons pour calmer ses collègues les plus extrémistes. L’option que la droite a finalement adoptée est donc celle dite de la «fusée à deux étages»: porter un premier coup aux retraites avec la LCPEG, puis leur adresser une deuxième et décisive attaque. Cette stratégie, servie essentiellement pour convaincre la frange dure d’accepter la loi, risque bien d’être balayée en cas de «non» le 3 mars, mais au profit des va-t-en-guerre: remise en cause immédiate de la primauté de prestations, de la participation de l’employeur à 2/3 des cotisations, et des conditions préférentielles pour les métiers pénibles.

Préserver l’essentiel…
Même si nous nous y opposerons de toutes nos forces, c’est dès le 3 mars que risque d’être lancé le deuxième étage de la fusée en cas de refus populaire de la LCPEG. Avec à la clef un conflit social majeur, ce qui ne nous effraie pas le moins du monde, mais dont l’issue serait plus qu’hasardeuse pour les 64 000 affilié-e-s de la CIA et la CEH. C’est en effet entretenir de coupables illusions d’imaginer que cette droite, qui regrette déjà amèrement sa prudence, ne livrera pas bataille pour casser tout ce qui peut l’être dans la fonction publique.

…et repartir au combat
Face à celles et ceux qui menacent de remettre l’ouvrage du démantèlement sur le métier, il s’agit donc le 3 mars de consolider les acquis de la LCPEG par un «oui» populaire, un «oui» pour mieux résister aux prochaines attaques, et reconstruire le rapport de force qui permettra de corriger ensuite les aspects les plus discutables de la loi. Et si la majorité politique change de camp cet automne, ce qu’il faut souhaiter pour tenter de mettre fin à plusieurs décennies de croissance scandaleuse des inégalités sociales, ce sera d’autant plus facile. Voilà la stratégie que le SIT oppose aux provocations de la droite et à l’aventurisme des référendaires: une fusée à deux étages, mais dans l’autre sens.
*SIT

Opinions Agora Davide De Filippo

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Votations du 3 mars 2013

lundi 11 février 2013

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