Le renard ne s’est pas montré. L’épouse du narrateur a succombé à la maladie. «Si je vois le renard, je vivrai jusqu’au printemps», croyait-elle. Vaine superstition. Dans Dernière Neige, son premier livre publié en France, l’écrivain québécois Pierre Yergeau raconte l’itinéraire d’un homme éprouvé par le deuil. Porté par une langue fluide, non dénuée d’une forme de dérision lucide, ce court roman se subdivise en plusieurs sections – ou en phases, s’intitulant «Le Renard», «La Maîtresse», «Citron», etc.
Peu après le décès de celle qu’il aimait, le protagoniste reste à l’écart en jouant avec son chien dans la neige. Le veuf entame ensuite un chemin de retour à la vie sociale. Il traîne moins autour de sa maison en lisière de forêt et gagne la ville. D’étape en étape, il recourt d’abord aux sites de rencontres, se laisse tenter par les travailleuses du sexe, avant de tomber sur Sidonie Colette. Par hasard, apparemment, dans un café. Quoique cette rencontre ne soit en fait pas la première: Sidonie est éditrice, l’homme l’a déjà abordée plusieurs années plus tôt, dans un bureau, lors d’un contact a priori sans lendemain. Jusqu’à ces curieuses retrouvailles, comme si le destin leur jouait un tour.
Même si l’idylle avec cette femme qui fait écho à l’écrivaine Colette ne dure pas, l’événement s’inscrit dans une dynamique positive. Le veuf prendra un nouveau départ, ouvert à la «splendeur de la vie sur terre», loin du Québec. Pierre Yergeau met en scène un retour à l’amour, où revivre après le choc ne signifie ni trahir ni oublier. Seulement reconstruire sa vie autrement ailleurs.