A la veille de la votation sur l’initiative «Pour une Suisse qui s’engage», je tiens à exprimer mon refus d’un service obligatoire pour toutes et tous.
Sous des airs modernes, cette initiative me rappelle le livret de défense civile de 1969, le fameux «Petit livre rouge», distribué dans tous les ménages, qui assignait à chacun un rôle en cas de guerre, cantonnant les femmes au foyer. Ce discours aux relents de naphtaline ressurgit aujourd’hui sous un emballage prétendument actuel.
Certes, l’initiative de 2025 inclut les femmes. Mais ce modèle d’obligation ignore totalement les inégalités persistantes entre les sexes. Il passe sous silence l’énorme charge que l’immense majorité des femmes continuent d’assumer: éducation des enfants, soins aux proches et travail du «care» au quotidien. La majorité des hommes a encore de grands progrès à faire pour égaler les femmes dans ces domaines et notre société a besoin de se transformer en profondeur. Imposer un service sans tenir compte de cette réalité, c’est méconnaître profondément le monde tel qu’il est.
Je suis en principe favorable à ce que les jeunes dès 18 ans, y compris les titulaires de permis B et C, s’engagent quelques mois dans des activités utiles à la collectivité – mais de manière civile, volontaire et choisie. L’armée est un autre débat.
L’engagement se cultive par l’envie, non par la contrainte. Je dis donc non à cette initiative, et oui à une jeunesse engagée, consciente et libre.
Ueli Leuenberger,
ancien Conseiller national, citoyen solidaire mais pas soumis