Depuis quelques semaines, les partis affichent une unité de façade autour du service citoyen. Hormis les Vert’libéraux, personne n’articule le débat. Que cherche donc à protéger cette coalition gauche-droite?

Dans le camp bourgeois, plusieurs positions coexistent. L’intégration des femmes irrite: pour certains, leur présence affaiblirait l’armée. Inclure des étrangers choque aussi, alors qu’ils retardent déjà leur naturalisation pour éviter de servir. Sur l’élargissement du service à l’environnement, à la sécurité alimentaire, à la santé, aux catastrophes ou aux menaces hybrides, on évoque des coûts excessifs. Les APG augmenteront, certes, mais un pays plus résilient réduira les dépenses liées aux crises tout en renforçant l’armée. Limiter les APG tout en gonflant le budget militaire interroge: objectif, se défendre ou soutenir l’industrie de l’armement?

A gauche, on masque l’antimilitarisme en affirmant que les femmes ont déjà un rôle domestique. Certes, elles assument encore davantage de tâches, ce qui doit changer, mais cela ne justifie pas leur exclusion. Le service citoyen renforcerait l’égalité, la cohésion et offrirait même une chance d’intégration aux personnes étrangères, un thème pourtant cher à la gauche. On prétend aussi que la protection civile serait affaiblie, argument infondé au vu des possibilités d’un service élargi.

Les deux camps justifient leurs choix avec deux infox. Contrairement à ce qui est dit, ce service ne concurrencera pas les emplois du secteur social ou de la santé, déjà en pénurie et de plus en plus dépendants des frontaliers, et il ne découragera pas non plus le bénévolat.
Derrière l’unité, chacun protège ses intérêts au détriment d’un vrai débat. Participez-y et votez oui pour une Suisse plus équitable, plus résiliente et plus sûre.

Enzo Dalla Barba,
président du Think Tank: The Swiss Transition Project